France : un prêtre égorgé dans son église, l’État islamique revendique l’attaque
Un prêtre a été égorgé mardi lors d’une prise d’otages dans son église, à Saint-Etienne-du-Rouvray, dans l’agglomération de Rouen. Une autre victime serait entre la vie et la mort dans cette nouvelle attaque revendiquée par l’État islamique (EI).
Selon le ministère de l’Intérieur, un prêtre a été égorgé et une autre victime est entre la vie et la mort après une prise d’otages près de Rouen revendiquée le groupe jihadiste État islamique, confirmant les premières déclarations de François Hollande rendu sur place avec son ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. L’attaque s’est achevée par l’intervention des forces de l’ordre et la mort des deux assaillants tués par la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Rouen, a précisé à l’AFP une source policière.
« Moins de deux semaines après l’attentat de Nice, la section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête, confiée à la Sous-direction antiterroriste (SDAT) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) », a annoncé le parquet. Un homme a été placé en garde à vue, a-t-on appris de source proche de l’enquête. Les premiers éléments révèlent que l’un des preneurs d’otages était connu des services antiterroristes. Il avait tenté de rallier la Syrie en 2015 et été mis en examen à son retour pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et placé en détention provisoire, avant d’être libéré sous bracelet électronique.
Les assaillants « se sont enregistrés », selon le témoignage d’une sœur rapporté par BFM TV.
Dans la journée, le premier Ministre Manuel Valls déclarait sur son compte twitter : « Horreur » face à cette « attaque barbare », « la France entière et tous les catholiques sont meurtris. Nous ferons bloc »
https://twitter.com/manuelvalls/status/757878531129020416
Condamnations
« Deux individus, à l’heure de la messe matinale, sont arrivés dans l’église et ont pris en otage cinq personnes qui se trouvaient à l’intérieur », a détaillé le porte-parole du ministère de l’Intérieur Pierre-Henry Brandet.
Après l’arrivée sur place des hommes de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Rouen, « les deux preneurs d’otages sont sortis de l’église, se sont retrouvés face aux policiers qui les ont neutralisés et abattus », a-t-il ajouté.
Le Raid, unité d’élite de la police nationale, menait en fin de matinée des opérations « pour s’assurer que rien n’a été piégé, qu’il n’y a pas de dispositif explosif installé à l’intérieur ou autour de l’édifice », a aussi précisé Pierre-Henry Brandet.
Des journalistes de l’AFP sur place ont vu un grand nombre de véhicules de secours, toutes sirènes hurlantes, se diriger vers l’église, ainsi que des véhicules transportant des policiers en gilet pare-balles.
Un périmètre de sécurité très vaste a été mis en place, les autorités barrant tout accès au centre-ville de cette commune populaire de 27 000 habitants située à quelques kilomètres au sud de Rouen.
Dans un communiqué, le Pape a fustigé « un meurtre barbare » et condamné « de la manière la plus radicale toute forme de haine ». La Conférence des évêques de France appelle au jeûne et à la prière vendredi et le Conseil régional du culte musulman appelle à observer une minute de silence en hommage aux victime.
François Hollande recevra les représentants de Culte
Le président François Hollande a annoncé depuis le lieu du drame qu’il recevrait les représentants des cultes mercredi via la Conférence des représentants des cultes (Églises catholiques, orthodoxe, protestante, islam, judaïsme, bouddhisme). « Ce que veulent faire ces terroristes, c’est nous diviser. Et aujourd’hui, après la mort de ce prêtre, j’ai pour tous les catholiques de France une pensée, je veux leur exprimer un soutien », a insisté le chef de l’État.
L’imam de Saint-Etienne-du-Rouvray « effaré »
« Je ne comprends pas, toutes nos prières vont vers sa famille et la communauté catholique », a déclaré à l’AFP l’imam de Saint-Étienne-du-Rouvray, Mohammed Karabila. « C’est quelqu’un qui a donné sa vie aux autres. On est abasourdis à la mosquée », a-t-il ajouté. Le prêtre et l’imam s’étaient retrouvés à plusieurs reprises lors d’interventions publiques sur la religion et le savoir-vivre ensemble.
La menace djihadiste
Cette prise d’otages intervient douze jours après l’attaque au camion menée le soir du 14 juillet sur la Promenade des Anglais à Nice. Cette attaque, qui a fait 84 morts et plus de 300 blessés, a été revendiquée par l’organisation jihadiste, également à l’origine des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis (130 morts).
Plusieurs jihadistes dans le viseur de la justice sont par ailleurs originaires de Normandie, notamment Maxime Hauchard, un converti à l’islam identifié fin 2014 comme l’un des bourreaux de l’EI, qui a grandi dans une commune près de Rouen.
L’EI cible régulièrement dans sa propagande et ses communiqués de revendication les dirigeants « croisés » occidentaux et « le royaume de la Croix », expression semblant désigner l’Europe.
Une attaque contre un lieu de culte chrétien est redoutée en France, notamment depuis l’échec d’un projet d’attentat en avril 2015 contre une église catholique de Villejuif (Val-de-Marne). Un étudiant algérien de 24 ans, Sid Ahmed Ghlam, est soupçonné d’avoir voulu prendre pour cible cette église et d’avoir tué une jeune femme sur son passage. L’homme avait été arrêté avant qu’il puisse mettre son projet à exécution.
Après ce projet d’attaque, le gouvernement avait annoncé une « adaptation » du dispositif Vigipirate mis en place depuis les attentats de janvier 2015 aux menaces visant les lieux de cultes catholiques.
Mais si les quelque 700 écoles et synagogues juives et plus de 1 000 des 2 500 mosquées sont protégées dans le cadre de l’opération Sentinelle, il paraît illusoire d’appliquer un même niveau de sécurité à la totalité des 45 000 églises catholiques, auxquelles s’ajoutent 4 000 temples protestants, dont 2 600 évangéliques, et 150 lieux de culte orthodoxes.
Près de deux semaines après, l’attentat de Nice continue par ailleurs à susciter une vive polémique autour du dispositif de sécurité déployé le soir de l’attaque. Une policière municipale affirme avoir subi des pressions de la place Beauvau pour modifier son rapport. Bernard Cazeneuve a porté plainte lundi soir contre elle pour diffamation.
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