Le retour du Maroc à Addis Abeba, l’autre Marche verte

Hassan Naciri Aux dirigeants africains réunis à Kigali, le roi Mohammed VI a signifié le 18 juillet 2016 la volonté du Maroc de revenir dans « sa famille institutionnelle ».

Mohammed VI à Laâyoune, le 7 novembre 2015. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Mohammed VI à Laâyoune, le 7 novembre 2015. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

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Publié le 26 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Cette famille, c’est aujourd’hui l’Union africaine, avec un acte constitutif tirant les leçons des errements du passé et projetant une Afrique consciente de ses défis et de ses impressionnantes potentialités. Mais hier, c’était l’OUA, l’Organisation de l’unité africaine, dont le Maroc fut l’un des incubateurs à travers le Groupe de Casablanca et un membre fondateur en 1963.

En 1984, la mort dans l’âme, le royaume chérifien quittera celle-ci, ne pouvant au nom de la dignité des nations cautionner d’atteinte ni à son intégrité territoriale ni à sa souveraineté acquise de haute lutte. La majorité des Africains d’aujourd’hui n’était pas encore née. Qu’elle sache ce qui s’est passé : un État artificiel a été crée sur le territoire d’un autre État et on l’a fait adhérer à l’OUA. Aucun autre choix n’avait été laissé au Maroc que de partir. Alors, pourquoi, trente-deux ans après avoir claqué la porte, le Royaume chérifien cherche t-il à la rouvrir ? Ses dirigeants se sentent-ils affaiblis dans l’affaire du Sahara occidental ? Le Maroc revient-il à l’organisation continentale parce que l’ONU ne le suit plus dans le dossier sahraoui ? Rien de tout cela : chaque Marocain est convaincu de la marocanité du Sahara et donnerait sa vie pour cette cause sacrée qui unit l’opposition et la majorité, les gouvernés et les gouvernants, les jeunes et les vieux, les femmes et les hommes du Royaume. C’est un bel exemple d’unanimité nationale et populaire.

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Le Maroc a été entendu

Là-dessus, le débat n’existe qu’au niveau des gestionnaires de camps de réfugiés désormais devenus autant des prisons à ciel ouvert. Les populations du Sahara marocain ont, elles aussi, choisi la vision du Roi Mohammed VI. Celle du bonheur national brut à travers un investissement additionnel de 7 milliards de dollars pour le seul développement des régions méridionales du Maroc. Qui dit mieux ? Pour la thèse de l’Union africaine alternative aux Nations-unies, quel ridicule ! Non seulement le Maroc sait que le gardien de la paix mondiale c’est New York en dernier ressort plutôt qu’Addis-Abeba.

Ensuite, la résolution onusienne du 29 avril 2016 est sans appel, qui salue les « efforts crédibles et sérieux du Maroc en vue du règlement » d’un contentieux dont le dénouement est appelé à être politique, négocié et mutuellement acceptable. C’est dire que le Maroc ne revient pas la tête basse au sein de l’institution continentale dont il est l’un des opérateurs historiques. Il revient parce que sa cause a été entendue, grâce à la force du droit, à une diplomatie active et à des amis sincères. Son retour sonne la défaite de ceux qui veulent diviser et caporaliser l’Afrique. Le Maroc qui revient ainsi est plus fort, plus performant, plus respecté. Jamais au plan bilatéral, Rabat n’a eu autant de relations multiformes et de qualité avec ses frères africains. Un véritable partenariat stratégique mutuellement bénéfique impulsé par le Roi Mohammed VI qui n’hésite plus à prendre des vacances dans des capitales du continent.

Retour mutuellement bénéfique

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Le Royaume chérifien est aujourd’hui l’un des plus grands investisseurs en Afrique comme le confirme le message royal. Il ouvre de plus en plus les portes de ses universités et grandes écoles à des milliers d’étudiants africains. Travaillant à l’émergence dans un proche horizon, le Maroc est un exemple reconnu de réussite africaine dans les domaines du développement humain, de l’agriculture, de l’industrie automobile et de l’aéronautique. Sa transition énergétique est irréversiblement amorcée avec la mise en service prochaine d’un des plus grands parcs d’énergie solaire au monde. Son modèle social fondé sur la paix et la tolérance entre les religions et les cultures s’exporte. De plus, nul autre pays riverain n’a autant régularisé de migrants que le Maroc, affichant ainsi sa détermination à être plus un pont qu’un mur. Ce pays est africain. Il n’est jamais parti de l’Afrique. Il revient parce que c’est une étape de la Marche verte, dans le droit fil des convictions profondes du roi Mohammed VI qui dit « l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique » et qui lie la parole à l’acte.

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