L’argent des Africains : Daniel, infographiste 3D au Togo – 237 euros par mois

Daniel, 28 ans, est infographiste 3D dans une agence de communication basée à Lomé au Togo. Une fonction qui lui permet de gagner mensuellement 150 000 F CFA (soit 230 euros). Pour notre série sur l’argent des Africains, il nous ouvre son portefeuille.

Daniel fait partie des rares infographiste 3D de Lomé (Togo). © DR

Daniel fait partie des rares infographiste 3D de Lomé (Togo). © DR

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 3 août 2016 Lecture : 3 minutes.

L’informatique passionne Daniel* depuis son plus jeune âge. Il en d’ailleurs presque fait son métier. Son baccalauréat série scientifique obtenu à Lomé en 2007, le jeune homme choisit d’étudier la programmation et obtient ainsi une licence en génie logiciel.

Mais c’est en créant des sites web, qu’il se découvre une nouvelle vocation : la création graphique. « Le design a pris le pas sur la programmation », affirme-t-il fièrement aujourd’hui.

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Dans ce nouveau secteur d’activités, il devient son propre enseignant. Autodidacte, il s’est d’abord familiarisé avec les logiciels de mise en page et de graphisme avant d’arriver à la 3D. «Je voulais me consacrer à la 3D », indique Daniel qui refuse alors d’exercer toute autre activité.

Daniel quitte donc son premier emploi où il était payé à 150 euros le mois et se fait engager dans une agence de communication nouvellement créée. Depuis mars 2016, il y touche un salaire de 150 000 F CFA  (environ 230 euros) par mois.

Revenus mensuels : 237 euros

Le jeune infographiste perçoit également des revenus générés par les biens de son père décédé. Une redevance qui s’élève à 5 000 CFA (7 euros), portant ses revenus mensuels à 237 euros.

Daniel est chrétien et accomplit et pour lui la dîme n’est pas une option. « Ce n’est même pas discutable », insiste-t-il. Ainsi, les trente premiers euros sont chaque fin de mois « réservés à Dieu » : 23 pour la dîme et 7 euros de quête.

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Par ailleurs, il consacre quelque 23 euros à sa mère, désormais âgée et inactive, et au moins 8 euros à sa nièce de 22 ans dont les revenus ne sont pas encore stables.

Assurances et cotisations : 51 euros

Les grosses dépenses du graphiste, loin d’être le logement ou même la restauration, sont les virements mensuels tels que les « 31 euros qui vont en banque comme épargne, les 11 euros pour l’assurance et les 4% de son salaire pour la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (environ 9 euros)».

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« À un moment où les choses ne marchaient pas, j’ai dû contracter des prêts auprès de certains membres de ma famille», confie-t-il. Une somme non négligeable que Daniel a pris sur lui de payer chaque mois depuis qu’il s’est trouvé ce nouveau métier. La facture de 46 euros est quelque peu salée, rapportée à son salaire. Il devrait venir au bout de ses dettes d’ici fin février 2017, « si tout va bien ».

Restauration et déplacements : 48 euros

Chaque mois Daniel consacre 36 euros à ses besoins de restauration. La maison familiale où il loge gratuitement se situe à environs 20 km des bureaux de son entreprise.  Il dispose heureusement d’une moto. Mais « les caprices de cet engin épuisé », lui coûte jusqu’à douze euros par mois.

Daniel communique beaucoup, notamment via Internet. Il réserve au moins 7 euros pour sa connexion et 6 euros pour les appels téléphoniques. L’abonnement au câble revient généralement à 7 euros lui aussi.

Le reste des revenus de Daniel sert à faire la fête comme les jeunes de son âge. « Par chance je suis encore célibataire et je peux me permettre certaines choses », lance quelque peu gêné l’infographiste. Il reconnaît que 9 euros ne suffisent pas pour « faire la fête » tous les week-ends à Lomé pendant un mois.

Alors même si son contrat de travail l’interdit, Daniel répond « de temps en temps » à des sollicitations externes. « Cela peut varier entre 50 et 100 euros par mois », indique-t-il. Que fait-il avec ? Le mystère est très vite levé lorsqu’il confie verser presque la totalité de ces « extras » dans une caisse « quelque part » pour se mettre à l’abri en cas de fin prématurée du travail. Dans un marché « compliqué et incertain’, Daniel veut ainsi pouvoir parer à toute éventualité.

*Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé.

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Si vous souhaitez participer à notre série, écrivez nous à argentdesafricains@jeuneafrique.com

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