Prêtre égorgé en France : ce que l’on sait de l’attaque de Saint-Étienne-du-Rouvray

Mardi matin, deux hommes ont attaqué une église et égorgé le prêtre alors qu’il débutait son office. Les deux assaillants ont été tués. L’un d’eux avait tenté de rejoindre la Syrie à deux reprises. Déjà condamné, il portait un bracelet électronique.

Arrestation d’un homme après une perquisition à Saint-Étienne-du-Rouvray, le 26 juillet 2016. © CHARLY TRIBALLEAU/AFP

Arrestation d’un homme après une perquisition à Saint-Étienne-du-Rouvray, le 26 juillet 2016. © CHARLY TRIBALLEAU/AFP

Publié le 27 juillet 2016 Lecture : 4 minutes.

Dans la soirée du mardi 26 juillet, des dizaines de bougies étaient allumées devant la mairie de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), près de Rouen, pour rendre hommage au prêtre égorgé. Quelques heures plus tôt, dans la matinée, deux individus ont attaqué l’église de la commune. Le prêtre octogénaire, touché à la gorge est mort et une autre personne a été très grièvement blessée. Les deux assaillants ont été abattus par la police. L’un d’eux a été identifié. Il avait tenté de rejoindre la Syrie à deux reprises. L’organisation État islamique a revendiqué l’attaque.

Le déroulement des faits

Deux hommes porteurs d’armes blanches ont surgi dans l’église de cette commune populaire de 29 000 habitants, située dans l’agglomération de Rouen, à l’heure de la messe matinale, vers 09h25. Ils ont pris en otages six personnes, le prêtre, trois religieuses et un couple de paroissiens. L’une des religieuses est parvenue à prendre la fuite et à donner l’alerte.

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Une fois arrivées sur place, la brigade de répression et d’intervention (BRI) et une brigade anti-criminalité ont tenté d’entamer une négociation avec les terroristes. Les policiers ont ensuite tenté une incursion, sans succès. Peu après, trois otages – les deux religieuses et une paroissienne – sont sortis de l’église suivis par les deux terroristes criant « Allah Akbar », dont l’un portait une arme de poing. Les deux assaillants ont été abattus par la BRI.

L’un d’eux a été trouvé porteur d’un faux engin explosif et de trois couteaux, l’autre qui tenait dans la main un minuteur de cuisine portait un sac à dos à l’intérieur duquel a également été trouvé un faux engin explosif.

Dans l’église, ont été retrouvés le corps du prêtre, tué par arme blanche blessé « à la gorge et au thorax » et celui d’un paroissien, blessé par arme blanche à la gorge. Il a été hospitalisé, ses jours ne seraient pas en danger.

Selon le témoignage de la religieuse parvenue à s’enfuir, l’un des terroristes a fait « un peu comme un sermon autour de l’autel en arabe » avant l’assassinat du prêtre.

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Les auteurs

L’attaque a été perpétrée par « deux terroristes se réclamant de Daesh » (acronyme du groupe jihadiste État islamique, EI), a affirmé le président François Hollande. L’EI les a d’ailleurs présentés comme deux de ses « soldats ».

L’un des deux auteurs a été formellement identifié après comparaison de ses empreintes papillaires comme étant Adel Kermiche, 19 ans, né à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime), a indiqué le procureur de Paris François Molins. Sans mention à son casier judiciaire, il était connu de la justice depuis qu’un membre de sa famille avait signalé sa disparition en mars 2015.

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Le jeune homme avait été interpellé le jour même par les autorités allemandes alors qu’il utilisait l’identité de son frère pour se rendre en Syrie. Placé en garde à vue à son arrivée en France le 23 mars 2015, il sera mis en examen pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte terroriste » et placé sous contrôle judiciaire avec l’interdiction de quitter le département.

Mais un mois et demi plus tard, il avait de nouveau quitté le domicile familial et un mandat d’arrêt avait été délivré à son encontre. Localisé et interpellé en Turquie le 13 mai en provenance de Genève avec la carte d’identité de son cousin, il avait été expulsé vers la Suisse puis vers la France. À nouveau mis en examen, il avait été placé en détention provisoire jusqu’au 18 mars 2016, date à laquelle un juge antiterroriste avait ordonné, une seconde fois, son placement sous contrôle judiciaire avec assignation à résidence sous surveillance électronique. Le parquet avait fait appel de cette décision, sans succès.

L’identification du second terroriste tué par les services de police est toujours en cours.

L’enquête

La section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête, confiée à la Sous-direction antiterroriste (SDAT) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Un mineur de 16 ans né en Algérie a été placé en garde à vue. Il s’agit du frère cadet d’un individu faisant l’objet d’un mandat d’arrêt pour être parti sur la zone irako-syrienne le 29 mars 2015 avec les papier d’identité d’Adel Kermiche.

Les victimes

Le père Jacques Hamel, prêtre auxiliaire de la paroisse, âgé de 86 ans, a été égorgé. Selon le site du diocèse de Rouen, il était né en 1930 à Darnétal, une commune de Seine-Maritime. Ordonné prêtre en 1958, il avait fêté son jubilé d’or en 2008.

Un paroissien de 86 ans a également été grièvement blessé.

La cible

Les lieux de culte, parmi lesquels 45 000 églises catholiques en France, figurent parmi les cibles de l’organisation État islamique.

L’attaque de mardi rappelle le projet d’attentat visant une église catholique de Villejuif (Val-de-Marne), déjoué en avril 2015 et attribué à un étudiant algérien, Sid Ahmed Ghlam, arrêté avant d’avoir pu mettre son projet à exécution.

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