Burundi : HRW dénonce des viols collectifs commis par des jeunes du pouvoir appartenant aux Imbonerakure
L’ONG a affirmé mardi que plusieurs attaques visant des proches d’opposants présumés ont été perpétrées par des membres de la ligue des jeunes et par des policiers.
« Des jeunes miliciens proches du pouvoir burundais et des policiers se sont livrés à des viols collectifs répétés sur des femmes considérées comme proches de l’opposition, depuis le début de la crise en avril 2015 », a dénoncé, mardi 26 juillet, l’ONG Human Rights Watch (HRW). Des membres des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir (CNDD-FDD) que l’ONU qualifie de milice, « ont violé collectivement, de manière répétée, des femmes depuis 2015 », accuse l’organisation de défense des droits de l’homme dans un rapport.
Selon HRW, nombre de ces viols paraissent avoir été dirigés contre des proches d’individus perçus comme des opposants au gouvernement. Des policiers ou des hommes portant des uniformes de police auraient aussi commis des viols. Des accusations similaires avaient été lancées en janvier dernier par l’ONU. Le Haut commissaire aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, avait alors dénoncé des violences sexuelles commises par des membres des forces de sécurité.
Human Rights Watch décrit un schéma d’abus « en plusieurs endroits et dans plusieurs provinces, où des hommes armés de fusils, de bâtons ou de couteaux ont violé des femmes lors d’attaques sur leur maison, le plus souvent de nuit ». Les membres masculins de ces familles, pour certains appartenant à des partis d’opposition, ont aussi été ciblés et parfois tués ou enlevés, assure HRW.
Des séquelles multiples
L’ONG dit avoir interrogé, en mai 2016, « plus de 70 victimes de viol » en Tanzanie, dans le camp de Nduta, situé dans l’ouest du pays, qui abrite 140 000 réfugiés burundais. Quatorze d’entre elles ont affirmé avoir reconnu au moins l’un de leurs agresseurs comme étant un Imbonerakure.
Une femme, âgée de 36 ans, a raconté à HRW qu’elle avait été violée par trois membres des Imbonerakure dans le quartier de Mutakura à Bujumbura, la capitale, en octobre 2015 : « J’étais maintenue par les bras et les jambes. [Un agresseur] a dit : ‘On va la tuer, c’est la femme d’un FNL (Forces nationales de libération, parti d’opposition) tandis qu’ils me violaient. »
Pour les femmes violées, les séquelles sont multiples : blessures, infection par des maladies sexuellement transmissibles, grossesses non souhaitées, angoisse et dépression. En Tanzanie, l’avortement étant uniquement légal en cas de danger de mort, les victimes de viol sont ainsi contraintes de garder l’enfant.
Le Burundi est plongé dans une grave crise émaillée de violences depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature pour un troisième mandat, avant d’être réélu en juillet. Les violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270 000 personnes à quitter le pays. Ceux qui fuient en Tanzanie ne sont pas non plus à l’abri des violences sexuelles dans les camps, « où le nombre de viols est de manière alarmante très élevé, et notamment les viols d’enfants ». Selon les témoignages recueillis par HRW, ces viols sont commis par d’autres réfugiés burundais ou des Tanzaniens.
Un courrier sans réponse
Dans son rapport, l’ONG demande à l’ONU de passer davantage à l’action, à travers « la mise en place d’une force de police internationale robuste au Burundi, comprenant des femmes policières, afin d’empêcher les abus, notamment le viol », l’établissement d’ « une commission d’enquête internationale indépendante dotée », et la garantie que les policiers « détiennent la formation et l’expertise nécessaires pour enquêter sur ces crimes »
L’ONG a également écrit au président du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, Pascal Nyabenda, sollicitant sa réponse aux allégations de viol commis par des Imbonerakure, mais ce courrier est resté sans réponse.
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