France : presque autant d’actes antimusulmans depuis le 7 janvier que pour toute l’année 2014

Avec 128 faits recensés en deux semaines, les actes antimusulmans sont presque aussi nombreux depuis l’attentat contre Charlie Hebdo que pour toute l’année 2014.

Une mosquée profanée par des tags de croix gammées en 2009 © THIERRY ANTOINE/AFP

Une mosquée profanée par des tags de croix gammées en 2009 © THIERRY ANTOINE/AFP

Publié le 24 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

"On atteint un sommet dans la haine", se désole l’Observatoire national contre l’islamophobie.

Cette instance dépendant du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui établit ses chiffres sur la base des plaintes déposées auprès de la police et de la gendarmerie, a fait état de 128 actes antimusulmans entre le 7 et le 20 janvier.

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Ce chiffre comprend 33 actions ayant visé des lieux de culte et 95 menaces, dont des insultes.

133 actes antimusulmans pour tout 2014

Sur toute l’année 2014, il n’y en avait euau total que cinq de plus, soit 133.

Et encore, note l’observatoire, les chiffres des derniers jours "ne tiennent pas compte des actes perpétrés dans Paris et sa (petite) couronne", qui comptent 250 mosquées et lieux de culte parmi les quelque 2 300 à 3 000 de France. Les chiffres de la capitale et des trois départements qui l’entourent ne sont pas encore disponibles.

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Jets de grenade et tirs par arme à feu

"C’est la première fois qu’il a été enregistré des jets de grenade ou des tirs par arme à feu", souligne aussi Abadallah Zekri, délégué de la Grande Mosquée de Paris.

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De fait, quelques heures après l’attentat contre Charlie Hebdo, trois grenades d’exercice, avaient été lancées contre une mosquée au Mans. Dans l’Aude, un ou plusieurs coups de feu de "pistolet à grenaille" ont été tirés vers une salle musulmane.

Et vendredi, un homme a été interpellé après avoir menacé de "faire exploser" la mosquée de Carcassonne.

Pas assez de soutien de la classe politique française aux musulmans

Le président de l’Observatoire contre l’islamophobie juge "désolant" qu’"en dehors des condamnations" émises par l’exécutif, la "classe politique n’ait pas dénoncé ces actes ignobles ni apporté un soutien rassurant à l’égard des citoyens, musulmans certes, mais membres de la communauté nationale".

Le ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve, a assuré vendredi qu’il ne tolérerait "aucun acte islamophobe".

"J’ai demandé aux préfets de saisir immédiatement les procureurs dès lors qu’il est porté à leur connaissance ces actes. La République doit pouvoir abriter en son sein tous ses enfants", a-t-il ajouté.

>> Lire aussi : Le Maroc met en garde contre "l’amalgame entre islam et terrorisme"

"Il faut passer des paroles aux actes"

Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), une association distincte du CFCM et qui a une conception des actes antimusulmans élargie aux éventuelles discriminations émanant de l’État (policiers, enseignants…) et à des faits n’ayant pas débouché en plaintes, "salue" également les appels de François Hollande et Manuel Valls à refuser les "amalgames" associant l’islam au jihadisme.

"Mais il faut passer des paroles aux actes, et prendre des mesures pour éviter les représailles contre les citoyens de confession musulmane", dit à l’AFP sa porte-parole Elsa Ray, précisant avoir calculé un nombre d’actes conforme, "une fois n’est pas coutume", au chiffre de l’Observatoire contre l’islamophobie. 

"Ce qui se passe depuis les attentats est le miroir de ce qui se produisait avant, mais multiplié par quatre ou cinq", assure la militante.

(Avec AFP)

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