Arabie saoudite : qui était le roi Abdallah ?
Souffrant d’une pneumonie, le roi Abdallah d’Arabie saoudite est mort dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de 90 ans. Retour sur la vie de ce monarque et acteur clé de la complexe géopolitique moyen-orientale.
Sur le trône depuis 10 ans
Treizième fils du roi Abdel Aziz, le fondateur du royaume saoudien, Abdallah a accédé au trône à la mort de son demi-frère Fahd en août 2005. Il a donc officiellement gouverné le royaume saoudien pendant une décennie, même s’il tenait en réalité les rênes du pouvoir depuis l’attaque cérébrale dont avait été victime Fahd en 1995.
Âgé d’environ 90 ans – sa date de naissance exacte n’est pas connue -, Abdallah souffrait d’une pneumonie depuis plusieurs années. Ses multiples hospitalisations alimentaient régulièrement les rumeurs sur l’avenir du royaume saoudien et ses apparitions publiques devenaient de plus en plus rare. Son mauvais état de santé nécessitait la mise en place d’un tube pour l’aider à respirer et son dernier séjour à l’hôpital, le 31 décembre à Ryad, ne s’était pas bien passé.
Le prince héritier Salmane Ben Abdel Aziz Al-Saoud, 79 ans, qui représentait régulièrement le roi Abdallah ces dernières années, doit désormais accéder au trône.
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Un roi pieux et conservateur
Héritier de la doctrine wahhabite, une interprétation rigoriste de l’islam, Abdallah a déçu les attentes des réformateurs, notamment sur la place des femmes dans la société saoudienne. De fait, Abdallah s’est souvent trouvé tiraillé entre les ailes libérale et conservatrice de la famille royale, ce qui a certainement paralysé son action.
Le pieux Abdallah, qui s’est forgé une réputation de probité face à d’autres membres de la famille royale accusés de corruption, était un des rois le plus aimé d’Arabie saoudite depuis le roi Fayçal, assassiné en 1975.
Malgré la chute des cours du pétrole, principale source de revenu du royaume, premier exportateur mondial de brut, le roi a ordonné de maintenir le rythme des dépenses dans le budget 2015 pour préserver la paix sociale. Au plan interne, il a engagé un prudent processus de réformes en tentant de concilier les positions d’un establishment religieux ultraconservateur et celles d’une frange libérale de la population avide de modernisation. En 2005, il a organisé les premières élections municipales partielles et accordé aux femmes le droit de vote au prochain scrutin de 2015. Celles-ci ne peuvent, en revanche, toujours pas conduire. Quant au mélange des sexes, il reste strictement interdit en dehors du cadre familial.
Engagé contre la menace jihadiste
Ces dernières années, Abdallah portait une attention particulière à la hausse de la menace jihadiste dans la région. L’Arabie saoudite, qui abrite La Mecque et Médine, les deux premiers lieux saints de l’islam, est notamment frontalière de l’Irak et du Yémen, deux pays gravement déstabilisés par des organisations islamistes radicales.
Sous son règne, l’Arabie saoudite a rejoint la coalition internationale contre le groupe État islamique (EI) basé en Syrie et en Irak. Les autorités saoudiennes, alliées des États-Unis et des Occidentaux, sont aussi en première ligne dans la lutte contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), active au Yémen.
Durcissant son discours contre l’islam radical, Abdallah avait récemment averti que les pays occidentaux seraient la prochaine cible des jihadistes : "Si on les néglige, je suis sûr qu’ils parviendront au bout d’un mois en Europe, et un mois plus tard en Amérique".
Il a évité le "Printemps arabe"
Le roi Abdallah a surtout su préserver son pays de la tempête révolutionnaire qui a soufflé en 2011 sur le monde arabe. Puisant dans les importantes réserves financières du pays pour satisfaire la population, il a consacré plus de 36 milliards de dollars à la création d’emplois, la construction d’unités de logement et d’aides aux chômeurs.
Défenseur de l’ordre établi dans le monde arabe, le royaume a accueilli le président tunisien Zine Al Abidine Ben Ali, premier autocrate arabe à avoir été chassé du pouvoir par la rue en janvier 2011, et n’a pas applaudi le renversement de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak le mois suivant. Il a ensuite ouvertement soutenu le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi après la destitution en 2013 de son prédécesseur Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, classé groupe "terroriste" par Ryad.
Sur l’échiquier régional, le roi fut l’initiateur du seul plan de paix global arabe au Proche-Orient, rejeté par Israël. Il a aussi toujours tenté de contrer les ambitions de son ennemi historique : l’Iran chiite. Les fuites de WikiLeaks avaient ainsi révélé un homme qui ne mâchait pas ses mots lorsqu’il parlait de l’Iran, recommandant par exemple aux États-Unis de "couper la tête du serpent" pour détruire son programme nucléaire.
(Avec AFP)
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