Kenya : plus de 110 écoles incendiées en trois mois, sans aucune revendication

En l’espace de trois mois, 113 écoles secondaires accueillant des élèves âgés de 13 à 20 ans ont été partiellement détruites par des incendies volontaires. Les motivations précises des incendiaires restent inconnues.

Un pompier kényan à Nairobi. en janvier 2009 © KHALIL SENOSI/AP/SIPA

Un pompier kényan à Nairobi. en janvier 2009 © KHALIL SENOSI/AP/SIPA

Publié le 29 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

Représailles d’un « cartel » associé au juteux trafic de sujets d’examens, grogne face à la modification du calendrier scolaire, fronde contre les méthodes jugées autoritaires du ministre de l’Éducation ? Les interrogations sont nombreuses au sein de la société kényane.

Dans la seule nuit de mercredi à jeudi, cinq écoles sont parties en fumée. Quelque 150 élèves et dix enseignants ont été arrêtés et inculpés pour incendie criminel ces trois derniers mois.

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« Les incendies touchent majoritairement les dortoirs et semblent bien préparés dans la mesure où jusqu’à présent, les élèves n’ont jamais été pris au piège par le feu, ce qui signifie qu’ils avaient vidé les lieux bien en avance, en sachant ce qui allait se passer », peut-on lire dans un rapport confidentiel de la police et du ministère de l’Éducation consulté par l’AFP.

Crainte des parents d’élèves

Le débat sur les écoles incendiées anime les colonnes des quotidiens kényans qui relaient les craintes des parents d’élèves pour la sécurité de leurs enfants et appellent le président Uhuru Kenyatta à « mettre un terme à cette folie ».

La crise actuelle se singularise par son caractère national, qui transcende les habituelles lignes de fractures ethniques, géographiques ou socio-économiques du pays. Les réunions se sont donc multipliées ces derniers jours à Nairobi. En signe d’apaisement le ministre de l’Éducation Fred Matiang’i a reçu les représentants des enseignants, des leaders religieux ainsi que les responsables des enquêtes en cours.

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Si le problème est bien réel, il n’en reste pas moins que la société kényane ne parvient pas à s’expliquer le phénomène. Pour le gouvernement, tout est lié aux récentes mesures drastiques prises pour éliminer la triche aux examens qui, ces dernières années, a pris des proportions très importantes.

Remise en cause de la nation

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En mars 2015, le ministère de l’Éducation a démantelé le conseil national en charge de l’organisation des examens dont plusieurs ex-responsables ont été inculpés, pour des soupçons de fuites massives de sujets d’examens moyennant rémunération.

Le gouvernement accuse le « cartel » d’être impliqué dans ces fuites et d’organiser la vague actuelle d’incendies volontaires. La presse kényane, elle, avance le fait que des parents d’élèves auraient aussi payé à l’avance des sujets d’examen dont leurs enfants ne verront pas le contenu à cause justement des mesures prises par les autorités.

Par ailleurs, depuis sa prise de fonctions en novembre 2015, le ministre de l’Éducation Fred Matiang’i a multiplié les réformes, comme la modification du calendrier scolaire ainsi que la gestion des fonds publics alloués aux fournitures, qui ont froissé de nombreuses sensibilités.

Le ministre a lui-même opéré plusieurs visites surprises dans les écoles, prenant à partie des professeurs qui ont vécu l’épisode comme une véritable humiliation.

Dans plusieurs établissements, les élèves en fin de cycle refusent de prendre part aux examens blancs. Sous couvert d’anonymat, certains ont expliqué à l’AFP qu’ils souhaitaient un report des examens en raison des retards occasionnés par une grève des enseignants en octobre 2015.

« Un système éducatif où les étudiants incendient les dortoirs et détruisent des écoles chaque jour équivaut à une sérieuse mise en cause de l’esprit collectif de la nation. C’est une honte et cela constitue le reflet d’une société qui s’est détraquée », estimait jeudi le quotidien Daily Nation dans son éditorial.

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