Maroc : #zéro_grissage, la campagne antiagressions qui monte sur le web
Sous le hashtag #zéro_grissage, des internautes marocains partagent leur sentiment d’insécurité et appellent les autorités et le roi Mohamed VI à prendre des mesures plus strictes pour prévenir et mettre fin aux agressions de rue.
Inquiets et en colère après la médiatisation de plusieurs attaques ces dernières mois dans des lieux publics, souvent à l’arme blanche, des Marocains ont décidé d’agir à leur façon. Depuis le 20 juillet, le hashtag #zéro_grissage (« zéro agression »), en référence à la campagne « zéro mika » pour l’interdiction des sacs plastiques au Maroc, a envahi la Toile. Une initiative que certains appellent néanmoins à tempérer.
Cyber-mobilisation nationale
« C’est à nous, jeunes Marocains, de prendre notre destin en main et de mettre fin à cette situation catastrophique », clame une pétition en ligne, adressée au Roi et signée jusque-là par plus de 14 500 personnes. Les signataires appellent aussi à des « sanctions plus strictes », une présence renforcée des forces de l’ordre sur l’ensemble du territoire ainsi que la fin des grâces royales pour les prisonniers.
Plusieurs pages ont également été créées sur Facebook, la campagne a fait l’objet de quelques sketchs sur YouTube, et certains internautes proposent des solution, avec humour :
ça suffit! Gotta catch 'em all! #zerogrissage #زيرو_كريساج #PokemonGo pic.twitter.com/xkdcOCrcqn
— Mahdi El Bahi (@MahdiElbahi) July 21, 2016
À travers ce hashtag, les citoyens Marocains en profitent surtout pour partager leurs peurs et leurs mauvaises expériences, s’inquiétant pour eux-mêmes et pour leurs proches. Des personnalités marocaines ont également rejoint le mouvement, comme le trio Fnaïre, le chanteur Hatim Ammor ou encore le youtubeur Abdellah Abujad.
https://twitter.com/YasmineAkaze/status/758660090165592064
La DGSN rassure, des citoyens alertent
Deux jours après le lancement de la campagne #zéro_grissage, et comme elle a l’habitude de le faire régulièrement, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a publié un bilan chiffré de son travail, indiquant, entre autres, le nombre d’arrestations de délinquants, de démantèlements de bandes de malfaiteurs, ou encore de saisies d’armes blanches. Abdelghani Hamel, directeur général de la sûreté nationale, a également annoncé le 21 juillet le lancement d’un programme « ambitieux » visant à « atteindre une couverture sécuritaire nationale qui dépasserait les 95% contre 80% actuellement ».
Certains citoyens marocains alertent aussi contre les dangers de cette campagne #zéro_grissage, notamment le risque de stigmatisation, et des réponses à la violence… par la violence. « Cette campagne me semble porter en son sein certains relents au goût d’amalgame, de ‘sus aux gueux’, de désignation facile de boucs émissaires », a écrit par exemple sur sa page Facebook Ahmed Ghayat, président de l’association Marocains Pluriels, tout en mettant en garde contre les photos de vidéos truquées.
Cette nouvelle campagne rappelle le phénomène « Tcharmil », qui avait fait le buzz en 2014 sur les réseaux sociaux et qui consiste pour de jeunes marocains à se prendre en photo avec des armes blanches, exhibant fièrement des objets de valeur (liasses de billets, montres, motos, vêtements de marques…). Des mesures avaient alors été annoncées par le ministère de l’Intérieur marocain pour rassurer les citoyens, promettant via un communiqué que “les effectifs des membres des services de sécurité seront sensiblement augmentés chaque année (…), tant au niveau des grandes villes que des villages.”
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