Les fruits de la coopération japonaise en Afrique

Depuis plus de soixante ans, la coopération japonaise a connu d’importants changements.

L’aéroport international de Moi à Mombasa au Kenya. © ADAM HUSSEIN/AP/SIPA/AP/SIPA

L’aéroport international de Moi à Mombasa au Kenya. © ADAM HUSSEIN/AP/SIPA/AP/SIPA

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  • Hiroshi Kato

    Vice-président de JICA (Japan international Cooperation Agency)

Publié le 10 août 2016 Lecture : 3 minutes.

Décollage d’un patrouilleur sur la base japonaise de Djibouti. © Nicolas Righetti/Lundi13
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Une nouvelle ère pour les relations Afrique-Japon

Plus de 20 ans après sa création, la Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique, la TICAD, va se tenir pour la première fois sur le continent. à Naïrobi, au Kenya, le 27 et 28 Août.

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Mais les activités de la Jica ont toujours suivi la même philosophie en matière de développement : quel que soit le pays concerné, l’objectif ultime doit être le décollage économique, lequel doit s’appuyer sur une croissance saine et soutenue des activités du secteur privé. Dans cette optique, l’aide publique au développement (APD) japonaise a toujours mis l’accent sur les ressources humaines et les infrastructures, qu’elle considère comme fondamentales.

La coopération japonaise a commencé dans les années 1950. Elle s’est d’abord concentrée sur l’Asie, avant de s’étendre vingt ans plus tard aux autres régions, dont l’Afrique. Au cours des années 1990, le Japon est devenu le principal pourvoyeur d’APD au monde. Et la part de cette aide qu’il consacrait à la construction d’infrastructures a longtemps été supérieure à la moyenne de celle des membres de l’OCDE.

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Cette forte orientation de l’APD japonaise visant le décollage économique de ses partenaires s’est longtemps démarquée de celle des autres pays membres de l’OCDE, qui, pour la plupart, assimilaient l’aide au développement à de la charité. L’utilisation massive de prêts concessionnels comme principal outil de financement était alors loin d’être une pratique partagée par les membres de l’OCDE, lesquels critiquaient Tokyo pour la faible proportion des dons dans ses programmes.

Aujourd’hui, la plupart des observateurs s’accordent à reconnaître que le Japon a fortement contribué au développement de l’Asie (qui est devenue un moteur de l’économie mondiale), et, si un arbre est reconnaissable à son fruit, alors il est légitime de dire que l’APD japonaise est l’arbre qui a produit les fruits de la croissance asiatique. Il est par ailleurs intéressant de voir que de nombreux pays donateurs semblent désormais vouloir mettre l’accent sur l’investissement et la croissance.

Il semble que le temps soit venu pour que ce qui a fonctionné hier en Asie fonctionne aujourd’hui en Afrique

En Afrique, le Japon s’est contenté de suivre l’approche qu’il avait adoptée ailleurs dans le monde et qui consiste à se concentrer sur le développement des ressources humaines et des infrastructures. De nombreux grands projets relatifs au développement des ressources humaines ont été lancés dans les années 1980 (et se poursuivent aujourd’hui) au Ghana, au Kenya, au Sénégal, en Ouganda et en Zambie. Des infrastructures majeures ont été construites, comme l’aéroport de Mombasa au Kenya ou le pont de Matadi en RD Congo.

Il est vrai qu’il a été difficile pour le Japon d’appliquer la même approche en Afrique qu’en Asie. Cependant, investir dans les ressources humaines et dans les infrastructures semble payant. Et il est encourageant de voir que ces projets jouent un rôle de plus en plus important dans le développement du continent. En outre, avec la robuste croissance économique qui s’y est amorcée ces dernières années, il semble que le temps soit venu pour que ce qui a fonctionné hier en Asie fonctionne aujourd’hui en Afrique.

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En tant que membre de l’OCDE, le Japon a intégré le club des donateurs « occidentaux », mais il a parfois appliqué ses propres recettes, hors des standards pratiqués par les autres membres, au point que son approche a été parfois qualifiée de singulière, voire d’énigmatique. Quoi qu’il en soit, les partenaires internationaux de l’aide au développement apparaissent aujourd’hui soudés autour de valeurs et d’objectifs communs, incluant, et c’est le plus important, le principe d’un développement économique porté par le secteur privé.

Depuis son lancement, en 1993, le processus de la Ticad a apporté une contribution majeure au développement de l’Afrique et s’est imposé comme l’un des principaux forums sur le sujet. La Ticad VI, qui se tiendra les 27 et 28 août, est la plus importante conférence sur le développement dans le monde en général, et sur celui de l’Afrique en particulier, à être organisée après quatre grands événements qui ont marqué et marqueront les années 2015 et 2016 : la troisième conférence de l’ONU sur la réduction des risques de catastrophes naturelles (mars 2015), l’adoption des Objectifs de développement durable (SDG, en septembre 2015), la COP21 de Paris (décembre 2015) et le sommet du G7 d’Ise-Shima (mai 2016).

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La Ticad VI sera l’occasion pour tous les acteurs de se rencontrer, de partager leurs connaissances et leurs expériences afin d’aider notre Afrique à accélérer sa marche pour atteindre les objectifs de développement durable et ceux de l’agenda 2063.

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