Quel avenir pour les milliers de Burkinabè installés dans les forêts classées de Côte d’Ivoire et du Liberia ?
Des dizaines de milliers de ressortissants burkinabè exploitent des champs dans des forêts classées de Côte-d’Ivoire et du Liberia, mais sont désormais visés par des mesures de déguerpissement. Leur avenir est l’enjeu de négociations entre les trois pays.
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« Nous avons eu des discussions autour du Mont Peko (…), une forêt classée », a déclaré Roch Kaboré, le 29 juillet, à Ouagadougou, au retour de Yamoussoukro ou il a assisté à la 5e conférence du Traité d’amitié et de coopération (TAC, établi depuis 2008 entre la Côte-d’Ivoire et le Burkina Faso). « Effectivement, a-t-il poursuivi, des populations burkinabè ont occupé cette forêt pendant la période où la Côte d’Ivoire traversait sa crise, et ont commencé évidemment à planter du café, des cacaos et autres ».
« Pour des raisons écologiques, la Côte d’Ivoire a évacué du Mont Peko tous ceux qui l’occupaient illégalement », a précisé le président burkinabè. Et d’annoncer : « Nous avons convenu qu’il était important, dans la mesure où beaucoup de forêts classées ont été prises d’assaut, non pas seulement par des Burkinabè mais aussi par d’autres populations, que nous soyons associés de façon bipartite aux discussions qui doivent permettre d’aboutir éventuellement à l’évacuation de ces forêts classées ».
Créé en 1968 sur 34 000 hectares près de Douékoué, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, le parc du Mont Peko est occupé, selon un recensement réalisé en 2014 par le ministère ivoirien en charge de la Famille par 20 622 planteurs dont 96% sont étrangers (qualifiés d’ « infiltrés »), pratiquement tous burkinabè, dont certains ont « 30 hectares » de champ dans la forêt.
« Petit Ouaga » frôle les affrontements
Après une première tentative lancée en 2013 où certains de ces « infiltrés » ont été évacués et relogés dans des habitations à proximité du parc, le gouvernement ivoirien a adopté le 7 juillet un ordre de libération de la forêt et de ses environs sur 4 kilomètres, à respecter pour le 30 juillet au plus tard, soit au lendemain de la conférence TAC censée raviver les relations entre Ouaga et Abidjan, altérées par la présence de Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire et par l’implication supposée de Guillaume Soro dans le putsch manqué au Burkina.
Contacté sur place dimanche 31 juillet par Jeune Afrique, le porte-parole des Burkinabè du Mont Peko, Maximilien Lompo, a confié que « tous les infiltrés sont sortis du parc et ont trouvé refuge dans des villages environnants, tout en continuant d’aller visiter leurs plantations qui attendent d’être récoltées en octobre ». Selon lui, « petit Ouaga » (un faubourg à l’intérieur du parc où vivaient environ 10 000 Burkinabè) a frôlé des affrontements entre infiltrés et agents forestiers ivoiriens, vendredi 29 juillet.
Concertation tripartite en vue
Outre le Mont Peko et d’autres « forêts classées où des Burkinabè sont allés s’installer » en territoire ivoirien, des forêts libériennes frontalières avec la Côte-d’Ivoire abritent aussi des Burkinabè.
« Je dois également préciser, a ajouté Roch Kaboré, que Monrovia signale que des Burkinabè ont occupé des forêts classées au Liberia pour y faire des cultures. C’est une question que nous allons élargir à une concertation tripartite entre le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, et le Liberia », qui a aussi confié avoir « souhaité » que son gouvernement soit associé à des discussions qui s’ouvriront bientôt sur le foncier ivoirien en général « pour pouvoir travailler à la défense des intérêts » de ses « compatriotes ».
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