Abdou Ndéné Sall : « Le Sénégal va construire 1 500 kilomètres de lignes ferroviaires en cinq ans »

Abdou Ndéné Sall, secrétaire d’État au réseau ferroviaire du Sénégal, revient pour « Jeune Afrique » sur l’ambitieux programme de relance de ce secteur.

Travaux d’extension de la ligne de Bus Rapid Transit près de Lagos, au Nigeria, le 20 mai 2014. © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique

Travaux d’extension de la ligne de Bus Rapid Transit près de Lagos, au Nigeria, le 20 mai 2014. © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique

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Publié le 1 août 2016 Lecture : 4 minutes.

Le président sénégalais Macky Sall a fait de la relance des infrastructures ferroviaires l’un des grands chantiers de sa présidence. Le Train express régional (TER) de Dakar, qui sera mis en service fin 2018, en est le projet phare.

La construction d’un nouveau réseau ferroviaire de 1 520 kilomètres est ainsi prévue pour les cinq prochaines années, pour un coût global d’environ 1 390 milliards de F CFA (2,12 milliard d’euros). Le secrétaire d’État sénégalais au réseau ferroviaire, Abdou Ndéné Sall, détaille pour Jeune Afrique cet ambitieux programme de relance.

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Jeune Afrique : le président Macky Sall a lancé plusieurs projets d’infrastructures ferroviaires : le Train express régional (TER), la relance de l’ex-Transrail (aujourd’hui Dakar-Bamako Ferroviaire -DBF), la réhabilitation de la ligne Dakar-Kidira, la construction de celle entre Dakar-Tambacounda-Kédougou-Kéniéba-Bamako… Pourquoi cette multitude de projets maintenant ?

Abdou Ndéné Sall : Le réseau de chemin de fer sénégalais est très dégradé. Durant la décennie passée, il a même été laissé quasiment à l’abandon. Conscient du rôle majeur que doit jouer ce secteur dans l’accroissement de la compétitivité de notre économie, le président Macky Sall compte développer un réseau ferroviaire articulé autour d’un maillage du territoire, adossé à des projets miniers et agricoles porteurs ou dédiés au désenclavement des régions naturelles de la Casamance et du Sénégal oriental.

Des perspectives claires se dessinent ainsi pour le réseau ferroviaire dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE). Après les rencontres à Pékin et à Paris lors de la réunion du Groupe consultatif en février 2014, un ambitieux programme de construction de 1 520 kilomètres de nouvelles lignes a été élaboré pour les cinq prochaines années, pour un coût global d’environ 1 390 milliards de F CFA (2,12 milliards d’euros).

Il s’agit de moderniser des infrastructures ferroviaires entre Dakar et Thiès et de construire une double-voie à écartement standard, de la desserte de l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) ; d’une nouvelle voie ferroviaire structurante de 1000 km à écartement standard entre Dakar-Tambacounda-Kédougou-Kéniéba-Bamako, communément appelée Dakar-Bamako par le Sud, ou encore de ligne NEPAD. Cette dernière permettra le transport des produits des mines de fer de la Falémé au Sénégal et des mines de bauxite et de fer de Falea au Mali, ainsi que le raccordement des nouvelles lignes Matam-Tambacounda pour l’exploitation des phosphates de Matam et Ziguinchor-Tambacounda pour désenclaver les régions sud et nord du pays.

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En plus, la ligne actuelle Dakar-Tambacounda-Kidira-Bamako sera entièrement réhabilitée. C’est un corridor extrêmement important pour ravitailler le Mali en produits divers à partir des opérations de transit du port de Dakar, et pour accéder au marché sous-régional de l’Uemoa.

Certains projets comme la ligne Dakar Bamako Ferroviaire (DBF) ou le TER, sont lancés. D’autres non. Disposez-vous d’un échéancier précis concernant ces derniers ?

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Je voudrais d’abord faire la situation des projets déjà lancés.

Le DBF est conduit par les gouvernements malien et sénégalais depuis la résiliation définitive du contrat de concession avec l’actionnaire majoritaire Advens, le 7 mars 2016. Elle a ouvert une perspective pour la mise en œuvre du nouveau schéma institutionnel à savoir la création de deux sociétés de patrimoine, propriété exclusive des deux États, d’une société d’exploitation commune aux deux pays, ainsi qu’une autorité de régulation.

Il convient de rappeler que, dans la réforme envisagée, seule l’exploitation sera concédée. Pour la mise en œuvre stratégique opérationnelle du processus de relance du chemin de fer, une rencontre a déjà a eu lieu entre les deux États et les partenaires techniques et financiers comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), l’Uemoa, l’Union européenne, etc.

Nous avons signé un contrat avec le chinois CRCCI pour la réhabilitation de la ligne Dakar-Kidira pour un coût de 1,15 milliard d’euros.

La Banque mondiale a déjà effectué plusieurs missions sanctionnées par la production d’aide-mémoires et fait un suivi de l’accord-cadre signé entre les deux États et la société China Railway Construction Corporation International (CRCCI). L’institution multilatérale veut s’assurer, en temps opportun, de la disponibilité des financements nécessaires.

C’est d’ailleurs dans ce cadre que nous avons signé, en décembre dernier, un contrat commercial avec CRCCI pour la réhabilitation complète de la voie ferroviaire Dakar-Kidira pour un coût global de 754 milliards de F CFA financé par la Chine à un taux concessionnel maximum de 2 %, avec une durée de remboursement de 30 ans. Les travaux vont durer quatre ans et la ligne va transporter annuellement 6 millions de tonnes de marchandises et 2 millions de passagers.

Nous avons introduit, dans le même contrat commercial, l’option de confier par avenant à CRCCI la construction du tronçon Tambacounda-Kédougou (310 km), destiné à l’exploitation des mines de fer de la Falémé. Concernant le projet Dakar-Tambacounda-Kédougou-Kéniéba-Bamako, les études techniques et la mobilisation des financements pour sa réalisation devraient être achevées au plus tard en 2017.

Qui seront vos partenaires techniques et financiers et à quels montages financiers obéiront-ils ?

Les projets ferroviaires sont des infrastructures de transport qui peuvent être financés soit par le budget de l’État, soit par l’endettement à travers un partenariat public-privé ou un financement des institutions internationales, les bailleurs, ou un financement bilatéral.

À cet effet, une partie des besoins de financement du TER est prise en charge par le budget de l’État sénégalais, soit 100 milliards de F CFA, le complément étant assuré par les institutions internationales comme la BAD, la Banque islamique de développement (BID) et l’Agence française de développement (AFD).

Pour les autres projets, nous sommes en discussion avec nos partenaires chinois et autres, afin de lever des financements innovants.

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