Afrique du Sud : élections municipales à hauts risques pour l’ANC
Les Sud-Africains sont convoqués mercredi pour les élections municipales. Un scrutin aux allures de test pour le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, puisque l’opposition est donnée en tête dans plusieurs grandes villes du pays, une situation inédite depuis la la fin de l’apartheid en 1994.
Des partisans de Jacob Zuma à Johannesburg, le 31 juillet 2016. © AFP
Publié le 3 août 2016 Lecture : 2 minutes.
Les urnes ont ouvert à 7h, heure sud-africaine, mercredi 3 août ont constaté des journalistes de l’AFP. Plus de 26 millions d’électeurs – un record – sont appelés à voter, à l’issue d’une campagne dans laquelle le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA) n’a pas hésité à revendiquer l’héritage de Madiba pour convaincre les électeurs que l’ANC les a trahis. En face, les cadres de la majorité présidentielle y compris le président Jacob Zuma lui-même ont fait campagne pour tenter de rassurer leur électorat.
D’importantes métropoles risquent de basculer dans l’opposition
Trois villes sont au centre de toutes les attentions : la capitale administrative Pretoria, le hub économique Johannesburg et Port Elizabeth (sud), cité industrielle du bord de l’océan Indien. La lutte promet d’y être serrée entre l’ANC, actuellement au pouvoir dans la plupart des 278 villes du pays, et la DA qui gouverne la ville du Cap (sud).
Selon les sondages de l’institut Ipsos South Africa, c’est à Port Elizabeth, où le chômage bat des records (36% contre 26,7% au niveau national), que l’opposition a le plus de chances de remporter le scrutin.
Coalition contre l’ANC
C’est finalement un troisième parti qui pourrait jouer le rôle d’arbitre : les Combattants pour la liberté économique (EFF), conduit par le populiste Julius Malema. Le parti de gauche radicale fondé en 2013 par cet ancien leader des jeunes de l’ANC va participer à son premier scrutin municipal.
Leur leader n’exclut d’ailleurs pas la possibilité d’une coalition avec un autre parti d’opposition si l’ANC était mise en minorité dans une grande ville. « Nous travaillerons avec toute personne qui est prête à exproprier les terres sans compensation », a-t-il lancé mardi à Pretoria, reprenant l’une des mesures phares de son programme.
Rencontre entre Malema et Mbeki
Lundi, devant les caméras de télévision, Julius Malema avait rendu visite à l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki, qui avait démissionné en 2008 après avoir été désavoué par l’ANC. Le leader de l’EEF a appeler l’ancien chef de l’État à voter pour son parti, arguant le fait que « voter » ne signifiait pas « approbation », l’objectif étant selon lui de faire barrage à l’ANC.
Un revers de l’ANC dans une grande ville serait un coup dur pour le président Zuma, mis en difficulté par les scandales à répétition et dernièrement les soupçons de censure qui ont éclaboussé la radio-télévision publique SABC, sans compter la situation économique morose de l’Afrique du Sud.
Symboles
« Une défaite à Port Elizabeth ou Johannesburg, historiquement peuplées par des travailleurs noirs, serait profondément symbolique pour l’ANC. Le président serait alors beaucoup plus vulnérable », prédit Judith Feburary, chercheur à l’Institut des études de sécurité (ISS), cité par l’AFP. « Mais il y a toujours un grand nombre de votants indécis. Il ne faut jamais sous-estimer ce parti », a-t-elle toutefois estimé.
La sécurité a été renforcée dans plusieurs zones du pays pour le scrutin après une campagne marquée par plusieurs incidents violents, notamment dans la province du Kwazulu-Natal (est) où plusieurs homicides de militants de l’ANC ont été commis pendant la campagne de désignation des candidats tandis qu’en juin des émeutes dans des townships de Pretoria avaient fait cinq morts.
