Les députés ghanéens défient les consignes du FMI

Le Parlement a approuvé une modification de la loi encadrant les activités de la Banque centrale du Ghana, limitant ses prêts au gouvernement à 5 % des recettes de l’année précédente. Le FMI réclamait une abolition de cette facilité de financement.

Vue du « Black Star Square », à Accra, capitale du Ghana. © Rjruiziii/Wikimedia Commons

Vue du « Black Star Square », à Accra, capitale du Ghana. © Rjruiziii/Wikimedia Commons

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Publié le 3 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Les députés ghanéens ont approuvé massivement le mardi 02 août un amendement de la loi encadrant les activités de Bank of Ghana, la Banque centrale du pays, rapporte Reuters.

Le texte approuvé par le Parlement d’Accra ramène de 10 % à 5 % du total des recettes publiques de l’année précédente le montant des financements que la Banque centrale peut apporter au budget national et aux entreprises publiques, chaque année.

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Proposition rejetée

Les parlementaires ghanéens ont rejeté la proposition de l’exécutif qui proposait une abolition de cette fenêtre de financement.

Cette proposition avait été acceptée par le gouvernement dans le cadre de l’accord de prêt triennal, d’une valeur de plus de 900 millions de dollars, négocié en 2015 avec le Fonds monétaire international.

En 2014, la limite de financement au secteur public de Bank of Ghana avait été fixée à 19,72 milliards de nairas (5 milliards d’euros). Le gouvernement s’était toutefois engagé, l’an dernier, à ramener à zéro les nouveaux financements publics de la Banque centrale.

Le FMI compte évaluer avec le gouvernement les implications du vote des députés ghanéens.

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Indépendance de la Banque centrale

La règle du « financement zéro » appelée par le FMI visait à « renforcer l’indépendance de la Banque centrale », selon une lettre d’intention [PDF] en date du 23 décembre signée par le ministre ghanéen des Finances, Seth Terkper, et Henry Akpenamawu Kofi Wampah, gouverneur de Bank of Ghana.

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Elle visait également, en creux, à s’assurer que le gouvernement ghanéen ne pourrait plus recourir à ce financement sans risque et peu coûteux pour financer ses déficits, qui ont explosé durant la première moitié de cette décennie.

En 2015, le déficit public du pays a atteint 7,1 %, contre près de 10 % en 2014. Le budget 2016 prévoit un nouveau recul à 5,3 %.

Engagements du gouvernement

Interrogé mardi par Reuters, un porte-parole du FMI a indiqué que l’institution financière comptait évaluer et discuter avec le gouvernement des implications potentielles de la décision prise par le législateur, rappelant que l’abolition de ce mécanisme de financement est « un élément important pour soutenir la crédibilité et l’efficacité du mécanisme de ciblage de l’inflation pour la politique monétaire » du pays.

De son côté, l’exécutif ghanéen s’est empressé de souligner, par la voix du ministre adjoint des Finances, Cassiel Ato Forson, que malgré le texte adopté par le parlement, le gouvernement ne comptait pas financer son déficit avec les fonds de la Banque centrale.

« Nous avons suffisamment démontré que le gouvernement est déterminé à maîtriser les dépenses. Et nous allons garder le cap, quelle que soit la décision prise par le Parlement », a-t-il indiqué, selon les propos rapportés par Reuters.

Le gouvernement ghanéen attend la validation de la troisième revue du programme conclu avec le FMI, préalable au déboursement d’une nouvelle tranche du prêt validé l’an dernier.

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