Guinée : le député de l’opposition Ousmane Gaoual Diallo interpellé pour « outrage au chef de l’État »

Le député de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) Ousmane Gaoual Diallo a été interpellé mardi pour des propos tenus fin juillet contre le président Alpha Condé et des membres de la majorité. Après trois nuits en garde à vue, il a été libéré en vue de son procès qui s’ouvrira le 10 août.

Ousmane Gaoual Diallo, député de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). © Capture d’écran Youtube

Ousmane Gaoual Diallo, député de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). © Capture d’écran Youtube

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Publié le 4 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Août n’est pas le mois d’Ousmane Gaoual Diallo. Il y a presque un an, le 13 août 2015, le député écopait de 18 mois de prison avec sursis pour « coups et blessures » sur un importateur de véhicules. Le voilà de nouveau devant la justice pour cette fois-ci « outrage au chef de l’État ».

Diallo a passé les nuits de mardi à vendredi en garde à vue à la Direction des investigations judiciaires, communément appelée PM3, de Matam. Il a été libéré en vue de son procès prévu pour le 10 août.

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Le député du principal parti d’opposition guinéenne est visé par des plaintes simultanément déposées contre lui par le ministère public et des cadres du parti au pouvoir, le RPG Arc En Ciel, a indiqué l’avocat : « Le procureur du Tribunal de première instance de Dixinn a déposé une plainte pour outrage au chef de l’État. Il y a aussi celle des sieurs Hady Barry, Bantama Sow et Malik Sankhon (tous trois membres du RPG Arc En Ciel), pour menaces. »

Que lui reproche-t-on ? 

À l’origine des ennuis judiciaires du député Ousmane Gaoual Diallo, des propos tenus par ce dernier samedi 30 juillet 2016 lors de l’assemblée générale de son parti :

« Alpha Condé aurait dit que l’opposition envoie des enfants dans la rue afin qu’ils soient tués. Un chef d’État qui dit cela n’est plus un président de la République. Il n’est plus qu’un criminel ambulant parce qu’il n’a pas pour mission de tuer les Guinéens, mais de les protéger, eux et leurs biens, créer l’harmonie ».

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Et de renchérir : « Nous devons le 4 août prochain (date initiale de la marche pacifique de l’opposition, finalement reportée au 10 août, ndlr) rappeler à ces apprentis dictateurs, ces pyromanes nommés Bantama Sow, Malik Sankhon et Hady Barry, qui sont en train de semer les graines de la prochaine guerre civile dans ce pays, qu’il n’est nulle part consacré le droit d’organiser de contre-manifestation. Que les contre-manifestants se préparent, parce que ce sera probablement le jour du déclenchement de la guerre civile, car nous allons manifester ».

La question de l’immunité parlementaire

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L’avocat d’Ousmane Gaoual Diallo, Me Alsény Aïssata Diallo, dénonce un non respect de la procédure dans le cadre de son arrestation : « Ousmane Gaoual Diallo a été interpellé mardi sans que son immunité parlementaire ne soit levée », préalable nécessaire à l’arrestation d’un parlementaire, rappelle-t-il. L’article 65 de la Constitution guinéenne interdit en effet l’arrestation ou la détention (hors session) d’un député sans l’autorisation préalable du bureau de l’Assemblée nationale, sauf en cas de flagrant délit, une circonstance invoquée jeudi par le parquet.

« Je suis choqué par l’instrumentalisation de la justice pour affaiblir l’opposition et régler des comptes », réagit pour sa part le chef de file de l’opposition et président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo. Et de poursuivre : « C’est triste pour notre pays que Ousmane Gaoual, pour des propos qui n’ont rien d’injurieux, se retrouve en prison ».

Le procureur, Sidy Souleymane Ndiaye, joint au téléphone par Jeune Afrique, n’a pas souhaité s’exprimer sur la question pour le moment.

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