Soudan du Sud : l’armée gouvernementale coupable de viols et de pillages selon l’ONU
Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, dresse un lourd bilan des exactions commises par les soldats de l’armée gouvernementale sud-soudanaise à Djouba, et appelle le Conseil de Sécurité à prendre des mesures d’urgence.
Viols, meurtres, pillages… Les enquêtes préliminaires menées sur les récents combats au Soudan du Sud et la période qui a suivi révèlent que les forces de sécurité gouvernementale sont coupables de nombreux crimes contre la population de Djouba.
Du 8 au 11 juillet, les forces du président Salva Kiir ont affronté à l’arme lourde le camp d’ex-rebelles de l’ancien vice-président Riek Machar, dans des combats qui ont fait plus de 300 morts, forcé 60 000 personnes à quitter le pays et aggravé les doutes qui pèsent sur l’application de l’accord de paix signé en août 2015.
Les plus affectées sont des femmes et des filles de l’ethnie Nuer
Dans un communiqué publié aujourd’hui, le haut-commissaire a relevé 217 cas de violences sexuelles à Djouba entre le 8 et le 25 juillet. Il précise également : « Dans certaines zones, des femmes de plusieurs groupes ethniques ont été violées par des jeunes lourdement armés dont nous pensons qu’ils sont affiliés au SPLA-IO [ex-rebelles, ndlr]. Cependant, les plus affectées sont des femmes et des filles de l’ethnie Nuer (l’ethnie de Riek Machar), et les responsables semblent être des hommes de la SPLA, l’armée gouvernementale ».
L’ONU craint un bilan plus lourd
S’ajoutent à ce chiffre plus de 100 femmes et filles violées alors qu’elles essayaient de fuir Djouba pour rejoindre Yei (sud-ouest de la capitale).
Lundi, la mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss) faisait état de viols commis par des soldats en uniforme et des groupes d’hommes armés non identifiés en civil, et ouvrait une enquête sur la possibilité que des casques bleus aient fermé les yeux sur ces crimes.
73 décès de civils ont été également rapportées par l’ONU, toujours d’après le haut-commissaire, qui craint que ce nombre soit revu à la hausse. « Certains civils ont été pris dans les combats, tandis que d’autres ont fait l’objet d’attaques ciblées de la SPLA, avec notamment des perquisitions de maison en maison », a-t-il affirmé.
Le gouvernement promet des mesures
Le gouvernement de Salva Kiir affirme avoir mis en place une cour martiale pour juger les soldats SPLA accusés de crimes contre la population civile. Mais Zeid Ra’ad Al Hussein commente : « Il a déjà promis de telles choses par le passé, mais les violations continuent sans relâche. » Et de conclure : « La gravité des récentes violences, ainsi que leurs relents dangereusement ethniques, appellent à des mesures urgentes de la part du Conseil de sécurité ».
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