Mauritanie – Maroc : les frictions diplomatiques se multiplient

Soutien tacite de Nouakchott au Polisario, renforcement de la présence militaire mauritanienne à Lagouira, amputation du Sahara de la carte du royaume, non renouvellement des permis de travail pour les cadres marocains… Rarement les relations entre Rabat et son voisin du sud auront été aussi tendues depuis vingt ans.

Les drapeaux du Maroc et de la Mauritanie. © CHRISTOPHE ENA/AP/SIPA

Les drapeaux du Maroc et de la Mauritanie. © CHRISTOPHE ENA/AP/SIPA

fahhd iraqi

Publié le 5 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Le sujet est tellement délicat que les diplomates marocains évitent d’en parler. Car, officiellement, rien n’est à signaler dans les relations entre Rabat et Nouakchott. Pourtant le torchon brûle entre les deux voisins. Cette semaine encore, la presse mauritanienne s’insurgeait contre le « boycott » du parti au pouvoir (Union pour la république, dirigée par le président Mohamed Ould Abdelaziz) par l’ambassade marocaine lors des festivités célébrant la fête du Trône, le 30 juillet, tandis que la représentation marocaine affirme avoir adressé des invitations à tous les partis.

La veille même de la réception, les militaires mauritaniens hissaient à nouveau leur drapeau à Lagouira (ville frontalière que le Maroc considère comme partie intégrante de son territoire, mais où l’armée mauritanienne a toujours pu patrouiller), reproduisant la même « provocation » qui, en décembre dernier avait nécessité le déplacement en catastrophe d’une délégation diplomatique et sécuritaire marocaine à Nouakchott. Pis encore aux yeux de Rabat, une semaine auparavant, la Mauritanie, qui abritait le sommet de la Ligue arabe, avait choisi de mettre à l’affiche pour l’occasion une carte ou le royaume était amputé du Sahara…

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Deuil national pour le décès du chef du Polisario

Depuis quelques années, Nouakchott semble s’être départi de sa position de neutralité dans le dossier du Sahara pour un soutien plus affiché à la RASD. Au lendemain du décès du chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz, fin mai dernier, le président mauritanien avait même décrété trois jours de deuil national. En juin, Ould Abdelaziz a également avancé des raisons d’agenda pour éviter de recevoir la délégation marocaine qui a sillonné le continent afin de remettre aux présidents africains un message de Mohammed VI, annonçant l’intention du royaume de reprendre sa place au sein de l’Union africaine. Last but not least, les autorités mauritaniennes ont rechigné à renouveler les permis de travail des étrangers en activité en Mauritanie, sachant que les Marocains constituent le plus gros de cette communauté.

Les événements des dernières semaines viennent aggraver le froid diplomatique qui règne depuis plusieurs années sur l’axe Rabat – Nouakchott. Quelques mois seulement après l’accession de Mohamed Ould Abdelaziz au pouvoir, suite au coup d’État de 2008, les escarmouches entre les deux pays s’étaient multipliées, et les contacts diplomatiques se sont limitées au strict minimum. D’ailleurs, le poste d’ambassadeur de Mauritanie au Maroc est vacant depuis plus de trois ans, alors que Nouakchott n’a de cesse de demander le remplacement d’Abderrahmane Benomar, doyen du corps diplomatique accrédité en Mauritanie.

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