Paul Biyoghé Mba : « L’objectif de Dynamique plurielle est qu’Ali Bongo Ondimba soit réélu avec au moins 50,01% »
Artisan de l’élection d’Ali Bongo Ondimba en 2009, Paul Biyoghé Mba, désormais vice-Premier ministre, rempile en 2016. Cette fois-ci, il a été chargé de mettre en ordre de bataille la plateforme « Dynamique plurielle » pour mener son candidat à la victoire.
Une structure spécialement créée en mai 2016 pour la présidentielle du 27 août « sur le modèle de la démocratie participative », explique Paul Biyoghé Mba, 63 ans. Objectif : « faire en sorte que le président soit élu à la majorité absolue », poursuit le natif de l’Estuaire, qui ne fait pas mystère des liens d’amitié tissés avec certains opposants, dont Jean Ping, l’un des plus sérieux prétendants au palais du bord de mer.
Ancien Premier ministre d’ABO de juillet 2009 à janvier 2012, Paul Biyoghé Mba affiche derrière lui une longue carrière politique. Une expérience qui l’amène, sept ans après avoir coordonné la campagne du président sortant, à suivre de près celle de 2016 avec Dynamique plurielle.
Près de trois mois après sa création, la structure qu’il coordonne recueille l’adhésion de huit partis politiques, 32 syndicats dont 13 centrales syndicales, 44 associations religieuses et 322 associations. Une plateforme qui permettra à son candidat « de faire la différence » le 27 août, veut croire Paul Biyoghé Mba, qui a reçu Jeune Afrique fin juillet dans son bureau du ministère de la Santé, de la Prévoyance Social et de la Solidarité nationale.
Jeune Afrique : Quel est l’objectif de Dynamique plurielle ?
Paul Biyoghé Mba : Qu’Ali Bongo soit réélu, et de préférence avec une majorité absolue d’au moins 50,01%. En 2009, le chef de l’État avait été élu avec un peu plus de 41% des voix. Vu sous cet angle, près de 59% des électeurs n’ont pas voté pour lui. Je pense que cette majorité relative est à l’origine d’une partie des difficultés du septennat, d’où notre objectif d’obtenir la majorité absolue. Mais ce n’est pas gagné d’avance.
Combien y a-t-il de membres ?
Je serai bien incapable de vous le dire, mais je peux vous donner une indication. Une centrale syndicale compte au moins 1 000 adhérents, et 13 nous ont rejoint. Si nous poussons le raisonnement et rajoutons les autres composantes, je pense que nous arrivons à des dizaines de milliers de personnes sympathisantes.
À qui s’adresse Dynamique plurielle ?
À tous les indécis. Beaucoup de personnes ne souhaitent pas être dans un parti politique ou dans dans un syndicat. Certains n’ont franchement rien contre Ali Bongo Ondimba et cherchent un cadre pour s’exprimer. Et cela marche très bien.
Mieux qu’un parti politique ?
Oui. Cela permet de ratisser plus large et de permettre à certains de faire entendre leur voix dans le cadre d’une structure citoyenne. Nous sommes partis d’un constat simple : la politique gabonaise est surtout faite par les partis politiques, qui ne constituent pourtant pas l’expression majoritaire de la population gabonaise. Il faut donc aller au-delà. D’autant qu’au Gabon, aucun parti ne peut seul obtenir la majorité absolue des suffrages.
N’est-ce-pas aussi le signe d’une défiance à l’égard des partis politiques ?
L’un des objectifs de Dynamique plurielle est de lutter contre l’abstention. Certains Gabonais ne sont pas franchement opposés à Ali Bongo, mais ne se sentent pas d’aller voter car ils n’appartiennent ni à un parti ni à un syndicat. Avec Dynamique plurielle, nous leur donnons une structure : certains syndicalistes viennent exposer leurs problèmes lors des meetings. Nous sommes heureux car cela marche plutôt bien et l’initiative est bien perçue. Même s’il y a naturellement des résistances, car certains ne comprennent pas et pensent qu’il s’agit d’un nouveau parti.
Comment jugez-vous le climat de la campagne de 2016, vous qui avez activement participé à celle de 2009 ?
Toute campagne comporte toujours des moments un peu chaud. Mais cette année, la chaleur est un peu malsaine : l’opposition a trouvé un thème qu’elle essaie d’exploiter, l’acte de naissance du président. Ils ergotent dessus pour empêcher Ali Bongo d’être candidat. En réalité, ils ont peur de sa victoire et ils sont conscients qu’ils n’ont pas de grandes chances de gagner. Ils sont très mal préparés : de mon point de vue, ils ne font pas le travail qu’il faut pour gagner.
Il y aura toujours quelques difficultés, car en face, tous ne sont pas bons perdants, Et si j’en crois ce qu’on me raconte du côté de l’opposition, certains ont très bien perçu le danger que constitue Dynamique plurielle pour eux. Parce qu’après avoir réussi à réunir les politiques, les syndicats et les associations en un seul bloc, il ne leur reste pas grand chose. Nous les avons pris de court.
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