Tunisie : une troupe de prisonniers sur la scène du festival d’Ezzahra

À l’annonce de la programmation 2016 du festival d’Ezzahra, un spectacle en particulier a attiré l’attention des Tunisiens : celui de la « Troupe des Prisonniers ».

Le public du festival d’Ezzahra, lors de son édition 2016. © Facebook/Festival d’Ezzahra

Le public du festival d’Ezzahra, lors de son édition 2016. © Facebook/Festival d’Ezzahra

Publié le 5 août 2016 Lecture : 2 minutes.

À l’ombre des festivals internationaux de Carthage et de Hammamet, celui d’Ezzahra anime la banlieue sud de la capitale. Sur une scène en plein air, les artistes se succèdent jusqu’au 13 août, entre musique, danse et pièces de théâtre. D’autres activités (sportives, artistiques, expositions, conférences) sont également prévues à cette occasion, et un concert spécial sera donné par des prisonniers venus de tout le pays dimanche 7 août. Une première en Tunisie.

Surprenant et inédit

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Dimanche, une trentaine de détenus et quelques agents pénitentiaires feront le spectacle en jouant de la musique tunisienne, arabe et andalouse en présence de leurs familles. Une représentation qui a suscité bien des réactions. « Cet événement a fait le buzz. En général, les gens sont plutôt surpris, étonnés. Certains se sont plaints du fait que le festival ‘s’ouvre aux criminels’, mais il s’agit d’une minorité », explique Sadok Ben Mhenni, secrétaire général du festival d’Ezzahra.

« Nous voulons montrer, à travers ce festival, que la culture est ouverte à tous », précise-t-il. Il y a quelques-mois, et suite à une succession d’initiatives et d’idées autour du milieu carcéral (dont une collecte de livres pour les prisonniers avec sa fille, la blogueuse Lina Ben Mhenni), Sadok Ben Mhenni a eu l’idée de faire participer des détenus aux festivités. Inspiré par une troupe de musique qui s’est formée dans la prison des femmes à la Manouba, il décide d’en former une mixte et nationale. Il prend alors contact avec la direction générale des prisons et de la rééducation (DGPR), chargée de sélectionner les meilleurs musiciens dans une dizaine de prisons. « Au début, les membres de la DGPR ont été surpris et ont avoué n’avoir jamais vu ça avant. Mais ils ont été emballés par le projet ».

Une dimension socio-culturelle

« Ce spectacle, c’est une façon de faciliter un peu la vie des détenus tunisiens et de les préparer au mieux à une réintégration dans la société », ajoute Sadok Ben Mhenni. Une façon d’oublier pour quelques heures les peines, plus ou moins lourdes, pour lesquelles ces hommes et ces femmes ont été condamnés, et de renouer avec leur « droit à se cultiver ». Pour la petite anecdote, le secrétaire général du festival nous raconte en souriant qu’avec la grâce présidentielle accordée à des centaines de prisonniers le 25 juillet, dont des membres de la troupe, des remplaçants ont dû être appelés pour assurer le spectacle.

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Sadok Ben Mhenni, qui ne connaît que trop bien l’envers du décor des prisons tunisiennes, a à cœur de changer les choses, pour les prisonniers mais aussi pour le reste de la société. En organisant de tels événements, il espère améliorer les relations entre les agents pénitentiaires et les détenus, et montrer que « pas tous le système est aussi mauvais », malgré les cellules surpeuplées, les cas de violences et de tortures et l’insalubrité des infrastructures. « Les choses commencent doucement à changer, des réformes sont prises, l’État et la société s’impliquent plus », fait remarquer Sadok Ben Mhenni.

Et les idées, autant que l’énergie, ne lui manquent pas. Prochain projet qu’il aimerait mener à bien : une exposition d’objets fabriqués en prison. «Mais on verra cela plus en détails après le festival.»

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