Arnaque organisée à tous les étages
Il y a quelques semaines, j’ai pris un avion à destination de Lubumbashi, chef-lieu du Haut-Katanga.
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Tshitenge Lubabu M.K.
Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.
Publié le 11 août 2016 Lecture : 2 minutes.
Départ de Kinshasa : 14 h 40 (heure de la capitale). Arrivée à Lubumbashi : 17 h 55 (heure locale). Les deux villes n’ont pas le même fuseau horaire : lorsqu’il est midi à Kinshasa, il est 13 heures à Lubumbashi. Avant d’accéder à la salle d’attente, nous sommes soumis aux contrôles obligatoires : présentation de la pièce d’identité et du billet d’avion, fouille du bagage qui va dans la cabine… La routine. Mais on demande en plus à chaque voyageur sa profession et l’objet de son voyage. Curieux !
Avant d’embarquer, nous nous alignons sur la piste. Les agents doivent vérifier nos cartes d’embarquement, nos pièces d’identité (une fois de plus), et prendre les coupons de deux taxes sans lesquels il est impossible de voyager.
La première taxe, intitulée Idef Go Pass, d’une valeur de 10 dollars, émane de la Régie des voies aériennes. Sa raison d’être ? « La construction et l’entretien d’aéroports. » Ce qui, sans mauvaise foi de ma part, me laisse plus que sceptique. La seconde taxe est une taxe provinciale qui coûte 5 dollars, officiellement appelée taxe statistique d’embarquement local dans les avions. Son but ? Je donne ma langue au chat.
Au vu de ma profession, un des agents me demande l’ordre de mission, la durée de mon séjour, le nom de mon hôtel
Arrivée à l’aéroport de Lubumbashi. Après notre descente de l’avion, nous allons directement vers une bâtisse. Nous y entrons. Une inscription en grosses lettres crève les yeux : IMMIGRATION. Je ne me sens pas concerné. Erreur : les Congolais sont soumis à la même règle, bien qu’ils n’immigrent pas !
Les agents sont impassibles. Je ravale ma colère et montre mon passeport. Au vu de ma profession, l’un des préposés me demande l’ordre de mission, la durée de mon séjour, le nom de mon hôtel. Je rétorque que ces questions, posées à un Congolais qui arrive dans une ville de son pays, n’ont pas de sens. Réponse de l’agent : « Si vous ne le saviez pas, nous sommes une exception ! »
Le même scénario s’est répété à Kolwezi (Lualaba), alors que je prenais l’avion pour Kamina (Haut-Lomami) ; mais également à l’arrivée à Kamina ; au départ de Kamina pour Kolwezi ; à l’arrivée à Kolwezi. Mais aussi quand j’ai quitté Lubumbashi pour regagner Kinshasa. Dans la capitale, avant d’aller récupérer nos bagages, nous avons subi le même sort. Mon avis ? Malgré toutes les questions que j’ai posées, je ne comprends toujours rien à ce système « original ».
Au Cameroun voisin, il se passe aussi des choses pas très orthodoxes. Comme vous le savez, faute d’un système bancaire digne de ce nom, beaucoup d’Africains recourent à des sociétés de transfert d’argent pour dépanner leurs proches. Normalement, les récipiendaires n’ont rien à débourser au moment du retrait. Mais certaines agences locales ont trouvé le moyen de les entuber. Lorsqu’ils vont retirer leur dû, les préposés de la caisse exigent une pièce d’identité. Jusque-là, rien d’anormal.
La situation se complique quand les caissiers exigent de chaque client qui se présente 500 F CFA pour… des frais de photocopie de la pièce d’identité ! C’est la condition sine qua non pour être servi. Et il n’est pas question de venir avec sa propre photocopie. Arnaque organisée ? Je valide ! Mais qui se préoccupe du sort des victimes ? Personne, bien entendu.
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