Tchad : Idriss Déby Itno investi au lendemain d’une manifestation ayant fait un mort

L’investiture ce lundi du président tchadien, Idriss Deby Itno, se déroule dans un climat social explosif avec la mort dimanche d’un manifestant à N’Djamena.

Idriss Deby Itno, président du Tchad,à N’Djamena, le 10 avril 2016. © Issouf Sanogo/AFP

Idriss Deby Itno, président du Tchad,à N’Djamena, le 10 avril 2016. © Issouf Sanogo/AFP

Publié le 8 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Dimanche 7 août, à la veille de l’investiture du président tchadien, Idriss Déby Itno, un jeune Tchadien a été tué par balle alors qu’il manifestait à N’Djamena à l’appel de l’opposition et venait de « déchirer le drapeau du MPS », le parti au pouvoir, a déclaré à l’AFP un officier de police sous couvert d’anonymat.

Selon le chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo, le jeune a succombé à ses blessures après « des tirs à balles réelles des forces de l’ordre » pour disperser les manifestants. Ce décès n’a pas été confirmé par les autorités.

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Selon l’opposant, un autre jeune a également été « touché par une balle au thorax » avant d’être conduit à l’hôpital pour être opéré. Cette information n’a pu être confirmée de source indépendante.

Manifestation dispersée une première fois

La manifestation avait dans un premier temps été dispersée à coups de gaz lacrymogènes, mais plusieurs militants « très remontés » étaient retournés dans la rue pour braver les intimidations policières et la situation « a dégénéré », a déclaré Kebzabo.

Comme ce fut également le cas la veille, où un meeting avait été dispersé par la police anti-émeute, l’opposition avait décidé de maintenir sa « marche pacifique », malgré l’interdiction décrétée par le pouvoir.

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Journée ville morte lundi 

Les leaders de l’opposition ont également appelé à une journée « Ville morte sur l’ensemble du territoire » lundi, jour de la cérémonie d’investiture de d’Idriss Deby Itno. La cérémonie doit se dérouler dans un grand hôtel de N’Djamena en présence d’une quinzaine de chefs d’État africains (le Rwandais Paul Kagame, l’Ougandais Yoweri Museveni, le Soudanais Omar el-Béchir, le Guinéen Alpha Condé, le Malien Ibrahim Boubacar Keïta, le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, le Béninois Patrice Talon et le nigérian Muhammadu Buhari) et d’autres invités comme le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, arrivé dimanche soir.

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IDI, arrivé au pouvoir par la force en 1990, a été réélu en avril dès le premier tour avec près de 60% des voix, loin devant son premier poursuivant, Saleh Kebzabo (12,77%).

Une opposition (presque) unie

L’opposition conteste cette réélection qu’elle qualifie de « hold-up électoral », et tente depuis plusieurs semaines d’unir ses forces. Vingt-neuf partis politiques se sont ainsi regroupés fin juillet autour de six candidats défaits à la présidentielle pour former le Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (Fonac), même si trois d’entre eux ont déjà fait défection depuis lors.

Vendredi, des opposants avaient annoncé le dépôt devant la Haute cour de justice d’une plainte pour « haute trahison » contre le président tchadien. Parmi les sept griefs invoqués : « prise illégale du pouvoir par la violence », « violation grave des droits de l’homme » ou encore « détournement de fonds public et corruption ».

Les partis d’opposition demandent à la communauté internationale de reconnaître « la nature dictatoriale » du régime d’Idriss Deby. Ils reprochent notamment à la France de fermer les yeux sur les « violations des droits de l’homme » à l’intérieur du pays, allié actif des Occidentaux dans la lutte contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram. La capitale N’Djamena est aussi le QG de l’opération militaire française Barkhane contre les groupes jihadistes au Sahel.

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