Algérie : les habitants du Sud font face à une vague de chaleur sans précédent
Dans les régions du Sahara, à des centaines de kilomètres au sud de la côte surpeuplée de la Méditerranée, l’été commence dès le mois d’avril. Depuis, le thermomètre affiche une moyenne de 40°C avec des pics à 48°C. En dépit de ce soleil de plomb, la vie continue. Jeune Afrique a recueilli les témoignages de ces habitants des dunes.
À l’ombre des feuilles d’un palmier, des hommes coiffés d’un chèche blanc, discutent en sirotant un verre de thé. En cette saison estivale, la scène, typiquement saharienne, se répète du Grand Erg Occidental (sud-ouest) au Grand Erg Oriental (sud-est) et jusqu’aux confins du Tassili N’ajjer (extrême-sud), le désert du Sahara recouvrant plus de 80 % de l’Algérie.
La fin de journée, le moment où la vie reprend
« Depuis l’arrivée des premières chaleurs, au mois d’avril, In Salah est une ville morte pendant la journée, de 10 à 18 heures », confie Djamel, habitant de cette contrée pétrolière située à 1 200 km au sud d’Alger, dans la wilaya (région) de Tamanrasset. « À cette période, la journée commence en général très tôt le matin », raconte cet instituteur. « Les gens vaquent à leurs occupations jusqu’à 10-11 heures puis restent au frais jusqu’à ce que le thermomètre redescende en fin de journée, moment où la vie reprend ».
À quelques centaines de kilomètres au nord d’In Salah, dans la wilaya de Ouargla, Tarek, autre Saharien d’Algérie, décrit lui-aussi des journées rythmées par le cycle du soleil : « Les administrations travaillent de 7h30 à 15 heures, pour la fonction publique ».
Climatisation
Dans ces espaces désertiques hyper-arides où le thermomètre dépasse régulièrement les 50°C à l’ombre durant les mois d’été, le climatiseur a bouleversé le mode de vie. « À partir des premières chaleurs, la climatisation fonctionne 24H sur 24 dans les maisons à l’intérieur desquelles les habitants demeurent toute la journée », confie Djamel.
« D’un climatiseur familial, les ménages sont passés à deux voire trois appareils par foyer, sans compter les ventilateurs muraux dans chaque chambre », souligne Tarek qui témoigne d’une certaine dépendance installée au fil des ans. « Pour certains, la clim a emprisonné les gens et les a rendu climato-dépendants », relève cet habitant de Ouargla.
Progrès ?
Une révolution technologique, en somme, mais qui de l’avis de Lamine, habitant de Guémar, dans la wilaya d’El Oued, n’a pas entraîné que des progrès. Au contraire, ce retraité, toujours vêtu du traditionnel sarouel bouffant, déplore l’abandon du rythme de vie ancestral qui a « permis aux habitants de la région de mener une intense activité productive ». « Les premiers créneaux de travail se situaient à partir du lever du jour jusqu’à 10 ou 11 heures et la reprise se faisait vers 16 heures après une sieste réparatrice et ce jusqu’au coucher du soleil ».
Ces bouleversements inquiètent d’autant plus les aînés du Sud que l’habitat traditionnel saharien naturellement isolant grâce à ses murs de terre et à sa toiture en branchages de palmiers a tendance à disparaître au profit de constructions modernes faites de brique, parpaing et ciment, pauvres en isolation thermique.
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