Pas de « Brasilia » pour Maurice

Le gouvernement mauricien a dû renoncer à un projet de ville nouvelle, qui devait abriter le gouvernement et le Parlement, suite à un rapport très critique, pointant de nombreuses insuffisances dans la préparation de cette initiative.

Illustration du projet Heritage City, sur l’île Maurice. © www.govmu.org

Illustration du projet Heritage City, sur l’île Maurice. © www.govmu.org

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 8 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Le gouvernement mauricien a abandonné, vendredi 5 août, son projet de ville nouvelle à Highlands, dans le centre de l’île Maurice, principale île de l’archipel des Mascareignes, où il était prévu de déménager le Parlement, le gouvernement ainsi que les ambassades.

De nombreux programmes de logements et de bureaux devaient accompagner ce regroupement urbanistique de type « Brasilia » ou « Yamoussoukro ».

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Baptisé « Heritage City « , ce méga­projet était chiffré entre 700 millions et ­800 millions de dollars.

Le ministre des Services financiers, de la Bonne gouvernance et des Réformes institutionnelles, Sudarshan « Roshi  » Bhadain, qui en était responsable, a jeté l’éponge après la publication d’un rapport attribué au cabinet mauricien d’étude et de conseil en ingénierie civile Lux Consult selon lequel « le projet Heritage City pourrait devenir un embarras majeur pour le gouvernement ».

Le rapport dénonce « l’amateurisme » du projet.

Amateurisme

Le rapport dénonce l’amateurisme du projet : pas d’études sur les risques de débordement ou de rupture du futur barrage voisin de Bagatelle et des deux cours d’eau proches, pas d’études géotechniques sur une zone pentue, sous-­estimation des besoins en stationnement, pas d’études précises du coût des voiries nécessaires, pas de chiffrage des terrains à acheter par le gouvernement…

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Enfin, STREE Consulting, le bureau d’études de Dubaï chargé de piloter le projet pour 18,6 millions de dollars, aurait été retenu « sans appel d’offres » bien qu’il n’ait aucune expérience du contexte mauricien en matière de construction.

Un comble de la part du ministre Bhadain qui a choisi STREE Consulting et qui est surnommé « KGB », en raison de sa fougue dans le combat pour la bonne gouvernance…

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Un rapport de force défavorable au Premier ministre

Le rapport de Lux Consult a déclenché une mini-­crise gouvernementale, car Roshi Bhadain n’a été soutenu que par le Premier ministre, Sir Anerood Jugnauth, qui voyait dans l’érection de Heritage City le couronnement de sa longue carrière, et par le vice-Premier ministre, ministre du Logement et des Terres, Shokutally Soodhun, qui est partisan d’accepter un prêt de 100 millions de dollars de l’Arabie saoudite pour conduire ce projet.

Sir Anerood Jugnauth et Shokutally Soodhun ont vu se coaliser contre eux le ministre des Finances Pravind Jugnauth (fils du Premier ministre), Ivan Leslie Collendavelloo, vice-Premier ministre, ministre des Énergies et des Services publics, ainsi que Xavier-Luc Duval, vice­-Premier ministre, ministre du Tourisme et des Communications externes.

Contre ces trois poids lourds de la coalition au pouvoir, le projet n’avait aucune chance.

Smart cities

« Le projet Heritage City est mort », a résumé un ministre mauricien interrogé par Jeune Afrique.

Le gouvernement Jugnauth sort déconsidéré de cette aventure.

Et sa déconfiture incitera à plus de réflexion ceux qui seront chargés de concevoir les huit « Smart Cities », des villes nouvelles ­ que le gouvernement mauricien entend faire sortir de terre pour participer à l’avènement d’un « nouveau modèle mauricien de croissance ».

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