Zimbabwe : Mugabe compare le mouvement #Thisflag au Printemps arabe

Le président zimbabwéen a comparé lundi les manifestations contre son gouvernement aux révolutions arabes qui ont mené à la chute de plusieurs régimes en 2011. Dans un discours donné à Harare, il a martelé que la contestation était inutile.

Robert Mugabe, alors âgé de 92 ans, s’adressant aux vétérans le 3 août 2016 (image d’illustration). © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Robert Mugabe, alors âgé de 92 ans, s’adressant aux vétérans le 3 août 2016 (image d’illustration). © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Publié le 8 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Dans une allocution prononcée à Harare à l’occasion de la célébration des héros de l’indépendance obtenue en 1980, Robert Mugabe, 92 ans, a accusé ses opposants d’essayer de le renverser par la rue « comme dans les pays arabes ».

En réponse au mouvement de contestation qui a gagné le pays ces derniers mois et qui atteint une ampleur inédite au Zimbabwe, Mugabe a lancé : « Où est passé le vote ? Vous avez oublié ce qu’est la démocratie ? »

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« Ces manifestations sont inutiles car la plupart du temps elles finissent dans la violence », a asséné M. Mugabe. Et de poursuivre : « Quel est l’intérêt d’aller dans les rues avec l’intention de montrer que vous savez lancer des pierres ? De viser la police avec des pierres, nous ne voulons pas ça ».

Une contestation pacifique contre la politique économique du régime

Des dizaines de milliers de Zimbabwéens se rassemblent dans une fronde citoyenne pacifique, réunie sous le hashtag #thisflag sur les réseaux sociaux, pour dénoncer les abus et négligences du régime de Robert Mugabe, et plus particulièrement sa politique économique, qui plonge de nouveau le pays dans une grave crise économique.

Parmi les mesures les plus dénoncées figure l’introduction de « billets d’obligation », une devise locale lancée en mai, arrimée au dollar américain. Cette décision fait craindre un retour de l’hyperinflation qui avait eu un effet dévastateur sur l’économie du pays en 2008-9, poussant le Zimbabwe à abandonner sa devise nationale.

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La semaine dernière, la police a violemment dispersé à coups de canons à eau et de matraques une manifestation devant le ministère des finances contre cette loi. La foule était également venue dénoncer les retards de paiement des salaires des fonctionnaires par un gouvernement à court de devises.

Mugabe promet des améliorations

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Devant la tribune, le président a assuré qu’il allait prendre des mesures pour assurer le paiement de ces salaires, affirmant : « Le gouvernement reconnaît la contribution des fonctionnaires et va mettre en place des programmes pour améliorer leur niveau de vie et leurs conditions de travail ».

Mais les promesses de Robert Mugabe, qui dirige le Zimbabwe d’une main de fer depuis l’indépendance, sonnent désormais creux auprès d’une partie de ses sympathisants qui a décidé de lui tourner le dos.

Le dirigeant a ainsi été désavoué par les vétérans de la guerre d’indépendance qui lui étaient jusqu’alors loyaux. Fin juillet, les anciens combattants ont condamné le comportement « dictatorial » de M. Mugabe et appelé à sa démission, ce qui a mené à l’arrestation de plusieurs d’entre eux ces dernières semaines.

L’indéboulonnable chef de l’État prévoit coûte que coûte de se présenter à sa propre succession en 2018.

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