JO 2016 : le Cran dénonce des « propos colonialistes » tenus sur France 2 lors de la cérémonie d’ouverture
Sur France 2 les téléspectateurs ont pu être choqués par les approximations et certains propos colonialistes de deux présentateurs. Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) de France a saisi le CSA.
« Erreurs », « inepties » et « propos colonialistes ». C’est en ces termes que le Cran a dénoncé dans un communiqué les propos tenus par deux présentateurs de France 2, Daniel Bilalian (directeur des sports de France Télévisions) et David Boyon, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, vendredi 5 août. Le Cran, qui a annoncé samedi sa volonté de saisir le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), a listé dans son communiqué les contre-vérités historiques et géographiques entendues à l’antenne vendredi soir :
Non, Christophe Colomb n’a pas « découvert l’Amérique » en 1492. « Premièrement, le Cran tient à rappeler que Christophe Colomb n’était pas espagnol, mais génois. Et deuxièmement, il n’a pas découvert l’Amérique, qui était déjà peuplée depuis des millénaires par quantité de peuples très nombreux. De même pour le Brésil, qui n’a pas été découvert par les Portugais. »
Les Comores et l’Azerbaïdjan, ces pays qui « essaient d’exister » : « Manifestement, pour les présentateurs de France 2, il y a un certain nombre de pays qui posent problème. C’est le cas des Comores, qui « essaient d’exister ». De même pour l’Azerbaïdjan, avec « Bakou, la capitale, qui met beaucoup d’argent pour exister ». Mais on sent bien que ces pays n’existent pas vraiment aux yeux de nos valeureux présentateurs. »
Non, les Incas n’ont jamais vécu au Brésil, « mais plutôt dans la cordillère des Andes ».
Non, les spectateurs ne sont pas tous ignorants. Selon le Cran, l’un des présentateur a déclaré : « C’est vrai qu’on a parfois du mal, nous, les Européens, à faire la différence entre l’Amérique du Nord – on se dit il y a deux pays, les États-Unis et le Canada – et l’Amérique du Sud. Mais entre les deux, il y a l’Amérique centrale. » Et le Cran de demander aux présentateurs de France 2 « de ne pas insulter les téléspectateurs en supposant a priori que ceux-ci seraient aussi ignares que ceux-là ».
L’esclavage n’est pas un « service », mais un crime contre l’humanité. Au moment du troisième tableau de la cérémonie, l’un des présentateurs aborde l’esclavage transatlantique : « Le trafic d’esclaves [qui] a été nécessaire ici pour le développement industriel […] Un esclavage qui a duré jusqu’à la fin du 18e siècle […] Le Brésil a utilisé les services de ces esclaves africains qui venaient de l’ensemble du continent africain. » Nouveau coup de gueule historiquement justifié du Cran : « Le Cran tient à rappeler qu’il s’agissait pour le Brésil non pas de développement industriel, mais agricole. Ensuite, cet esclavage a duré jusqu’à la fin du 19e siècle, et non pas jusqu’à la fin du 18e siècle. Enfin, les esclaves du Brésil ne venaient pas de l’ensemble du continent africain, mais principalement du Congo, de l’Angola et du Mozambique. Par ailleurs, affirmer que le trafic a été « nécessaire », et qu’on utilisait « les services » des esclaves constitue une présentation maladroite, pour ne pas dire équivoque, qui tend à minimiser, voire à justifier l’esclavage, qui fut un crime contre l’humanité, rappelons-le. »
Le philosophe « Maurice Comte ». Pour finir, Daniel Bilalian se trompe sur le nom du philosophe Auguste Comte – dont la devise « Ordre et Progrès » figure sur le drapeau brésilien – en le nommant “Maurice Comte”.
Premiers frissons quand France 2 bafouille en direct sur l'esclavage "nécessaire" au Brésil #JORio2016 pic.twitter.com/PMSFyuVMf3
— Azzedine Fall (@AzzedineFall) August 5, 2016
Ce n’est pas la première fois que la chaîne est épinglée pour ses approximations. À la fin de l’année 2015, un expert annonçait sur le plateau du JT de David Pujadas les élections présidentielles à venir en Afrique à l’aide d’une carte sur laquelle deux pays du continent étaient placés au mauvais endroit (le Ghana et le Bénin avaient été confondus, puis la République démocratique du Congo (RDC) et le Congo-Brazzaville, et enfin le Gabon et la Guinée équatoriale). « La Haute Autorité avait appelé la chaîne de service public à un minimum de vigilance ». rappelle le Cran.
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