CAN 2015 : Les binationaux au coeur de la stratégie sportive de l’Algérie

L’équipe algérienne compte 16 joueurs binationaux, qui possèdent à la fois les nationalités française et algérienne. Un phénomène qui n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de la stratégie sportive menée depuis des années par la Fédération algérienne de football. 

Le joueur algérien Rafik Halliche à la lutte avec le Sud-africain Sibusiso Vilakazi. © Photo AP

Le joueur algérien Rafik Halliche à la lutte avec le Sud-africain Sibusiso Vilakazi. © Photo AP

Publié le 20 janvier 2015 Lecture : 3 minutes.

Les mots du milieu algérien Sofiane Feghouli, prononcés au cours d’une interview accordée par le joueur des Fennecs au journal français L’Equipe, lundi 19 janvier, ont fait grand bruit. "Mes parents sont algériens. Je suis né en banlieue parisienne mais j’ai grandi avec une culture algérienne à la maison […] Je ne me sens pas pleinement intégré au sein de la société française, et le choix de l’Algérie, c’est celui du coeur", a t-il déclaré. En ajoutant, "Nos grands-parents ont combattu pour la France, mais je ne ressens aucune reconnaissance."

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Le "choix du coeur", ils sont nombreux à l’avoir fait parmi les Fennecs : 16 des 23 joueurs de la sélection algérienne pour la CAN 2015 sont en effet des binationaux, avec à la fois les passeports français et algériens. Et ils sont 18 à être nés en France. Un véritable phénomène de masse au sein de l’équipe nationale. Mais s’ils sont plusieurs à avoir privilégié le maillot vert par fierté pour leurs origines, nombreux sont également les internationaux à avoir choisi l’Algérie par choix sportif. La concurrence est en effet bien plus vive en France pour intégrer l’équipe nationale, et en rejoignant les Fennecs, certains Franco-Algériens s’ouvrent les portes d’une carrière internationale avec la possibilité de disputer la CAN, et bien sûr la Coupe du monde. Une chance unique dans une vie de footballeur. 

La stratégie de la Fédération algérienne

La FAF a bien cerné le potentiel de ce vivier talentueux de joueurs franco-algériens, formés dans l’Hexagone. Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération algérienne, est à l’origine de cette stratégie. Dès 2003, il s’est mis en tête de modifier le règlement international en matière de joueurs binationaux. À cette époque, un footballeur ne pouvait pas changer de sélection nationale après ses seize ans. Un handicap pour attirer chez les Fennecs les meilleurs espoirs franco-algériens, qui évoluent bien souvent en équipes de jeunes avec les Bleus.

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Mohamed Raouraoua mène donc campagne pour cette réforme, et obtient gain de cause en 2009 avec la fin de la limitation d’âge pour changer de sélection nationale, à la condition que le joueur visé n’ait pas évolué avec la sélection nationale française, la vraie. Dès lors, Raouraoua se bat pour attirer les joueurs, en démarchant les familles et en présentant un projet ambitieux. C’est de cette façon que des joueurs majeurs des Fennecs, comme Yacine Brahimi, à Paris, ou Nabil Bentaleb, né à Lille, rejoignent l’Algérie. 

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Un proverbe algérien humoristique le rappelle : "il vaut mieux avoir un destin comparable à celui de Zinedine Zidane avec l’équipe d’Algérie que de connaître le sort d’un Camel Meriem (3 sélections en équipe de France) avec les Bleus". Même si aujourd’hui, certaines stars algériennes comme Yacine Brahimi auraient bien leur place en équipe de France. 

Le dernier maillon de la FAF dans cette stratégie gagnante, est d’avoir nommé un entraîneur français, Christian Gourcuff, à la tête des Fennecs. L’ex-entraîneur de Lorient connait parfaitement le vivier d’espoirs franco-algériens et le niveau des joueurs évoluant en Ligue 1. Il peut aider à convaincre un jeune footballeur d’opter pour le maillot algérien et surtout repérer les futurs stars de demain. Dans cete optique, l’Algérie tente actuellement de persuader Nabil Fékir, la pépite lyonnaise déjà sélectionné en Espoirs français. Le joueur réserve pour le moment sa réponse. 

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