L’armée tchadienne poursuit son déploiement au Cameroun pour lutter contre Boko Haram
L’armée tchadienne poursuivait lundi son déploiement dans le nord du Cameroun pour lutter contre Boko Haram. Mais entre les contraintes opérationnelles et diplomatiques, l’offensive ne devrait pas être immédiate.
L’armée tchadienne prend ses quartiers dans le nord du Cameroun. Directement menacé par Boko Haram, le Tchad a déployé depuis ce week-end 400 véhicules militaires à Maltam, à l’ouest de Kousseri, en territoire camerounais. Le colonel tchadien Djerou Ibrahim, en charge de l’opération, a annoncé vouloir "progresser" lundi en direction des insurgés islamistes nigérians, dont les attaques au Cameroun se sont intensifiées ces dernières semaines.
Plusieurs dizaines de personnes ont ainsi été enlevées ce week-end, alors que l’armée tchadienne commençait à passer la frontière. Citant le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary, la radio-télévision nationale camerounaise (CRTV) a annoncé la libération d’une vingtaine d’otages, sans fournir de détails. Selon une source gouvernementale, l’armée camerounaise a traqué les combattants de Boko Haram après le rapt, les poussant à relâcher 24 personnes. Les islamistes ont pu s’enfuir vers le Nigeria voisin avec une cinquantaine d’otages. D’après la CRTV, les villages, situés dans la zone de Mokolo, ont été rasés pendant cette attaque qui a fait trois morts.
Une nécessaire coordination des états-majors
Malgré le déploiement rapide des militaires tchadiens, le gouvernement camerounais a averti lundi après-midi qu’il ne fallait pas s’attendre à une offensive éclair et insisté sur le besoin de coordination avec les autres pays voisins. "Il faudrait que les états-majors militaires (des deux pays) se retrouvent, bâtissent une plateforme (et) procèdent à une distribution spatio-temporelle des troupes aussi bien camerounaises que tchadiennes. Cela nécessite du temps. Ne vous attendez pas à ce que les résultats commencent à se faire sentir demain", a souligné Issa Tchiroma Bakary sur la CRTV.
Un porte-parole de l’armée nigériane a exprimé samedi un soutien conditionnel à la perspective de l’arrivée de soldats tchadiens sur son territoire : "Tout soutien à nos opérations sera bienvenu mais il doit se conformer à nos propres opérations en cours."
>> Lire aussi Boko Haram : pourquoi la coopération régionale patine
Idriss Déby Itno à l’offensive
Très offensif, le président tchadien Idriss Déby Itno, qui a appelé à une large coalition régionale, a clairement affiché sa volonté de reprendre la ville stratégique de Baga, située dans le nord-est du Nigeria, sur les rives du lac Tchad, et tombée aux mains du groupe islamiste début janvier. Selon Amnesty International, l’attaque de Baga est "la plus grande et la plus destructrice" jamais perpétrée par Boko Haram, certaine sources évoquant jusqu’à 2 000 morts.
De son côté, le Sénégalais Abdoulaye Bathily, chef du Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca), a salué lundi le déploiement tchadien, encourageant "tous les États du bassin du lac Tchad et ceux d’Afrique centrale à renforcer leur coopération, y compris avec le Nigeria, afin d’apporter une réponse régionale et coordonnée à ce fléau".
(Avec AFP)
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