Zambie : cinq choses à savoir sur l’élection présidentielle
L’élection présidentielle zambienne a lieu ce mardi 20 janvier pour élire le successeur de Michael Sata, décédé en cours de mandat le 27 octobre dernier à l’âge de 77 ans. Deux favoris aux profils différents se font face : le ministre de la Défense Edgar Lungu et l’homme d’affaires Hakaide Hichilema.
Alors que le pays a connu la mort de deux présidents en fonction, un appel à passer des tests médicaux a été lancé à quatre candidats à l’élection âgés de 50 ans ou plus – Edgar Lungu, Hakainde Hichilema, Edith Nawakwi et Nevers Mumba. Ce débat a été ouvert par la député Sylvia Masebo qui a accusé Edgar Lungu, le candidat du Front Patriotique (FP, le parti au pouvoir), d’être physiquement incapable d’exercer les fonctions présidentielles avant de le mettre au défi de passer des tests médicaux.
Le porte-parole du candidat avait déclaré à l’époque qu’Edgar Lungu était prêt à passer "n’importe quel type test, n’importe quand", rapporte la BBC. Sans que l’on sache s’il les a effectivement passés…
- Le président par interim pas autorisé à concourir
Le président par interim, Guy Scott. © AFP
La Zambie est dirigée depuis la mort de Michael Sata, le 27 octobre dernier, par l’ancien vice-président Guy Scott, un Zambien blanc d’origine écossaise qui n’est pas candidat. Premier président blanc de l’Afrique post-coloniale, Guy Scott n’avait pas le droit de se présenter à l’élection présidentielle n’étant pas né de parents zambiens.
>> Lire aussi : Le portrait de Guy Scott
- Onze candidats, deux favoris
Parmi les onze candidats en lice, l’actuel ministre de la Défense Edgar Lungu, du Front Patriotique (FP), et l’homme d’affaires Hakaide Hichilema, du Parti de l’Unité pour le Développement national (UPND) sont considérés comme les deux favoris.
Le ministre de la Défense et candidat du FP, Edgar Lungu. © AFP
Edgar Lungu se présente comme le candidat de la continuité et affirme vouloir réaliser les projets de développement économique initiés par le président Sata. Cet ancien avocat de 58 ans se présente comme "un Zambien ordinaire d’origine modeste".
Son adversaire affiche lui sa richesse et un profil plus élitiste. Hakainde Hichilema, 52 ans, est un vétéran des campagnes électorales. Se présentant pour la quatrième fois à une présidentielle après trois échecs, il explique avoir l’expérience nécessaire pour réorganiser l’économie de la Zambie, huitième producteur mondial de cuivre.
Le candidat de l’UPND, Hakainde Hichilema. © AFP
- L’avenir des mines de cuivre, un enjeu électoral
La principale richesse du pays est devenue un véritable enjeu électoral après que le gouvernement a relevé le 1er janvier de 6% à 20% le montant des taxes sur les mines. Une mesure dénoncée par Hakainde Hichilema, le candidat de l’UPND.
Déjà touchées par la chute des cours des matières premières, les compagnies minières ont elles aussi critiqué la nouvelle législation dont l’objectif, selon le ministre des Mines Christophe Yaluma, est de tirer "un juste revenu fiscal" de l’activité minière. "Ce sera difficile pour le gouvernement de percevoir des impôts sur des mines fermées", a pour sa part ironisé Chishimba Nkole, le président du Congrès zambien des syndicats.
Une mine de cuivre en Zambie. © AFP
Les investisseurs n’auraient en effet pas à aller très loin pour trouver un autre filon. En RDC voisine, le sol est également chargé de cuivre. Et la Zambie, longtemps premier producteur africain de ce métal, a perdu sa première place lorsque la RDC a augmenté sa production de 50% en 2013.
>> Pour aller plus loin : Un état des lieux des relations entre la Zambie et la RDC, les frères ennemis du cuivre
La Chambre des mines – un organisme patronal – a déjà mis en garde : selon ses estimations, si le gouvernement maintient la taxe de 20%, le pays pourrait perdre 7 milliards de dollars dans les cinq prochaines années, soit 30% du PIB.
Dès cette année, selon ce même organisme, 12 000 emplois sont menacés dans un pays où la jeunesse manque cruellement de débouchés et où au moins 60% de la population vit encore avec moins de deux dollars par jour, malgré une économie en croissance ces dernières années.
- Un mandat de moins de deux ans
Conformément à la Constitution, le vainqueur du scrutin ne sera élu que pour 20 mois à peine, le temps de terminer le mandat de feu Michael Sata. De nouvelles élections législatives et présidentielle seront organisées en 2016.
Les analystes se montrent prudents quand au résultat du scrutin, mais si Hichilema venait à l’emporter, ce serait la troisième alternance démocratique en Zambie en 25 ans. Une singularité en Afrique australe, où nombre de partis sont au pouvoir depuis plusieurs décennies sans discontinuer.
(Avec agences)
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