Farine : les Grands moulins de Dakar réclament des quotas d’importation
Le marché sénégalais de la farine a repris des couleurs. Mais les Grands moulins de Dakar, longtemps en situation de quasi-monopole, comptent désormais cinq concurrents, qui lui ont ravi la moitié des parts de marché. Le mastodonte cherche donc de nouveaux débouchés. Franck Bavard, directeur général adjoint depuis février 2015, a accepté de faire le point sur la situation et sur ses ambitions avec « Jeune Afrique ».
Enquête sur le « mystère » Jean-Claude Mimran
Découvrez l’enquête exclusive de « Jeune Afrique consacrée » à Jean-Claude Mimran. Le milliardaire de 71 ans, propriétaire de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS), des Grands moulins de Dakar et d’Abidjan, revient sur son parcours, les secrets de sa réussite et ses nouvelles ambitions dans les mines africaines.
Jeune Afrique : Comment voyez-vous la situation du marché de la farine au Sénégal ?
Franck Bavard : Lorsque je suis arrivée à GMD, nous étions en pleine crise : l’offre était deux fois plus importante que la demande, qui se situe à 39 000 tonnes par mois. Cela a entraîné une guerre des prix, où le prix du sac de 50 kg est passé de 17 500 à 12 500 F CFA [19 euros] .
Le prix est aujourd’hui revenu à un niveau proche de celui d’avant la crise. Le principal problème des Grands moulins est donc aujourd’hui la concurrence. Quelles sont aujourd’hui vos parts de marché ?
Nous avons 46 % de parts de marché. Il faut aussi avoir conscience que, en raison des surcapacités, les entreprises n’ont donc besoin de tourner qu’à 50 % de leurs capacités pour satisfaire ce marché…
Il n’est pas question de demander des fermetures, cela ne nous vient pas à l’idée.
Que demandez-vous aux autorités sénégalaises ? Qu’il y ait moins d’acteurs sur le marché ?
Il n’est pas question de demander des fermetures, cela ne nous vient pas à l’idée. Mais il faudrait trouver un bon équilibre, et c’est complexe. Étant donné la courbe démographique, on estime que la consommation ne rejoindra le niveau des capacités de production qu’en 2027.
La solution selon nous c’est d’établir des quotas de blé, soit à l’import soit en fonction des capacités de broyage. Le ministère du Commerce reconnaît qu’il s’agit d’une solution potentielle. D’autres secteurs, comme le sucre, le riz ou le concentré de tomates, ont d’ailleurs été contingentés.
Cette baisse des prix a peut-être grevé vos bénéfices mais elle a bénéficié aux consommateurs sénégalais…
C’est faux, ceux qui ont gagné sont les intermédiaires, qui distribuent le pain fabriqué par les boulangers.
De plus, de nombreux boulangers se sont installés, sans avoir toujours les autorisations, mettant à mal une filière qui était très bien structurée. Pour preuve : il y a 200 boulangeries au Mali, 400 en Côte d’Ivoire et… 1 300 au Sénégal !
Certains boulangers bradent la qualité du pain. Heureusement que l’État maintient un prix fixe, cela évite une dégradation encore plus forte de la qualité.
Dans un tel contexte, pourquoi GMD a-t-il donc investi 4,6 milliards de F CFA (7 millions d’euros) pour produire de l’alimentation pour la volaille ?
C’est un développement logique : l’aviculture est un marché nouveau au Sénégal, en hausse de +15 % par an et pour lequel nous avons un savoir-faire.
Nous connaissons les circuits de distribution et nous fabriquons déjà de l’alimentation du bétail. Le Sénégal est donc notre principale cible, nous y avons déjà pris environ 10 % des parts de marché.
Quels revenus attendez-vous de ce segment ?
Notre objectif est d’atteindre 30 000 tonnes par an, soit un revenu de 9 milliards de F CFA. Ce sera donc proche de l’alimentation du bétail qui représente 11 milliards de F CFA par an. Mais cela restera bien loin de la farine, qui totalise 60 milliards de F CFA par an.
Envisagez-vous d’autres développements ?
Nous avons signé un protocole d’accord pour produire nous même, sur une dizaine d’hectares, une partie des produits nécessaires à la fabrication de l’aliment volaille [composée à 75 % de matières premières importées, tandis que l’alimentation destinée au bétail ne nécessite que 25 % d’importations, le reste étant composé de sous-produits du blé]. À terme, si cela fonctionne, nous pourrons augmenter ces surfaces.
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Enquête sur le « mystère » Jean-Claude Mimran
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