Ouganda : le ministre de l’Éthique et de l’Intégrité fait saisir dans une école un roman trop osé à son goût
Simon Lokodo a fait saisir jeudi dans une école privée de Kampala des exemplaires du roman « Un cœur brisé », de Jacqueline Wilson. Selon le ministre de l’Éthique et de l’Intégrité, l’ouvrage exposerait les élèves à la sexualité de façon trop précoce.
L’opération de saisie, ordonnée par le ministre, s’est déroulée dans la prestigieuse Greenhill Academy, où l’âge des élèves varie de 5 à 12 ans. L’objet de son courroux : le roman « Un cœur brisé » – « Love lessons » – de l’auteure anglaise à succès Jacqueline Wilson, qui raconte l’histoire de Prudence, une adolescente de 14 ans élevée par un père autoritaire et qui s’éprend de son professeur de dessin.
Ouverture d’une enquête
« Mon équipe est allée à l’école, a confisqué les livres de la bibliothèque et nous avons ouvert une enquête » sur les raisons pour lesquelles ce livre était à la disposition des élèves, a déclaré à l’AFP le ministre de l’Éthique et de l’Intégrité, qui a déjà fait parler de lui la semaine dernière en proférant des menaces contre les organisateurs d’une Gay Pride à Kampala, finalement annulée.
Un roman qui ne contient pas de scènes de sexe
Le roman, a-t-il estimé, « contient des passages sur le sexe » et n’est « pas adapté à des enfants de cet âge ». L’héroïne de « Un cœur brisé » échange plusieurs baisers avec son professeur adulte et marié mais l’idylle tourne court et le roman, destiné à un lectorat adolescent, ne contient pas de scènes de sexe, contrairement à ce qu’affirme Simon Lokodo.
Interrogé par l’AFP, la direction de la Greenhill Academy, qui accueille des enfants d’expatriés et de la haute société ougandaise, n’a pas souhaité commenter l’action du ministère.
Figure de proue de la lutte contre l’homosexualité
Simon Lokodo est devenu une des figures emblématiques de l’actuel gouvernement ougandais, multipliant les sorties médiatiques musclées contre l’homosexualité en particulier et tout ce qu’il juge immoral en général.
En avril 2015, le ministre Lokodo avait également fait arrêter la chanteuse ougandaise Jemimah Kansiime pour un clip vidéo plutôt dénudé, très savonneux, et pour le coup bien moins pudique que les aventures de Prudence.
L’artiste de 21 ans, dont le nom de scène est « Panadol wa Basajja » – littéralement « médicament pour les hommes » – avait passé cinq semaines en détention provisoire. Elle encourt toujours une peine maximale de 10 ans de prison en vertu d’une loi anti-pornographie adoptée en février 2014 et dénoncée par plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme.
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