Monde arabe : quand verra-t-on une femme Premier ministre ou présidente ?

Le 13 août, c’était la Fête nationale de la femme en Tunisie.

Le 13 août 2016, lors de la fête nationale de la femme en Tunisie. © Amine Landoulsi/AP/SIPA

Le 13 août 2016, lors de la fête nationale de la femme en Tunisie. © Amine Landoulsi/AP/SIPA

Fawzia Zouria

Publié le 18 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Un jour férié, des conférences et des séminaires à la pelle, des décorations et des youyous aux quatre coins du pays. Mais personne pour songer que le Premier ministre qui venait d’être nommé aurait pu être une femme ! Comme si la chose était inconcevable par essence.

Pourtant, il suffit de regarder un peu plus au nord pour se persuader du contraire : avec la nomination, mi-juillet, de Theresa May au Royaume-Uni, l’Europe vient de se doter de « sa » septième dirigeante. Malte, la Pologne, la Croatie, la Lituanie, l’Allemagne et la Norvège avaient déjà confié leurs affaires à des dames.

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Hier, c’était l’Asie qui offrait au monde la plus riche brochette de chefs de gouvernement en robe et en sari ! Indira Gandhi en Inde, Corazon Aquino aux Philippines, Benazir Bhutto au Pakistan, Sirimavo Bandaranake au Sri Lanka, Khaleda Zia au Bangladesh et Tansu Ciller en Turquie. Qui dit mieux ? Puis ce fut au tour de l’Amérique latine de lui emboîter le pas, Brésil, Argentine ou Costa Rica en tête.

Le monde arabe ? Il continue à fermer la marche. Aucun chef d’État ou de gouvernement qui soit une femme. Et pourquoi cette méfiance ? L’islam n’est pas en cause, on vient de le voir à travers l’exemple asiatique, qui sut confier au deuxième sexe les plus grandes charges. Y aurait-il corrélation entre pauvreté économique et exclusion des dames de la sphère politique ? Certainement pas. Est-ce lié à l’Histoire ? Non plus. Le passé des Arabes témoigne de grandes figures de gouvernantes et de fondatrices d’empire, de Didon à Cléopâtre, de la reine de Saba à la Kahina. Le physique serait-il un handicap chez les femmes pour pareilles charges ? Aucunement.

Les progrès scientifiques prouvent que ces dernières jouissent d’une espérance de vie bien supérieure à celle des hommes et que leur résistance au travail n’a rien à voir avec la finesse de leurs attaches. De son temps, Margaret Thatcher avait décroché le sobriquet de Duracell Woman, en référence à la marque de piles réputées pour leur longévité. Les descendantes d’Ève seraient-elles trop sentimentales et émotives ? C’est oublier les « dames de fer », telle Golda Meir, en qui le travailliste Ben Gourion voyait « le seul homme du gouvernement ».

Aucun projet de société ne peut être viable s’il ne se conjugue également au féminin

Seraient-elles timorées et sans panache ? Vous vous trompez : une fois au pouvoir, elles sont capables de tout rafler, à l’exemple de la Sri Lankaise Sirimavo Bandaranaike, qui n’hésita pas à se proclamer Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, de la Défense et du Plan. Elles ne seraient pas de taille à négocier les conflits armés ? Il faut citer alors les arbitrages de Benazir Bhutto ou d’Indira Gandhi – laquelle avait fait de son pays une puissance militaire –, ou Golda Meir, instigatrice de la guerre du Kippour en 1973.

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Autre argument ? Je n’en vois pas. Mais je persiste à croire qu’aucun projet de société ne peut être viable s’il ne se conjugue également au féminin et qu’aucune révolution ne mérite ce nom si elle exclut les femmes du processus d’égalité, y compris politique.

Aux Tunisiennes, bonne fête malgré tout !

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