RD Congo : au lendemain du massacre de Beni, la colère enfle contre le pouvoir

Sur fond d’un climat politique tendu, le massacre de plusieurs dizaines de civils dans la nuit de samedi à dimanche à Beni, dans l’est de la RD Congo, a attisé lundi la contestation contre le président Joseph Kabila.

Des scènes de tensions à Beni alors qu’une victime est transportée à l’hôpital après des violences, le 15 août 2016. © Kudra Maliro/AFP

Des scènes de tensions à Beni alors qu’une victime est transportée à l’hôpital après des violences, le 15 août 2016. © Kudra Maliro/AFP

Publié le 16 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Le bilan du massacre a été revu à la hausse. Au moins 51 civils ont été « tués à la machette », dans la nuit du 13 août dans les quartiers périphériques de Beni, selon la société civile locale. Quarante-deux, selon le maire de cette ville du nord-est de la RDC.

Dimanche, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, avait annoncé lui un bilan officiel de 36 morts, estimant que la société civile avançait un décompte macabre qui « n’est pas objectivement vérifiable ».

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« Deuil en privé »

Lundi, au premier des trois jours de deuil national décrété par le gouvernement, alors que les drapeaux étaient mis en berne, les Congolais se montraient amers.

Dès dimanche, une centaine d’habitants de Beni avaient exprimé leur colère en scandant des slogans hostiles au gouvernement et au président Kabila qui avait promis, 72 heures plus tôt, de tout mettre en oeuvre pour « imposer » la paix et la sécurité à Beni.

Signe de défiance ultime, certaines familles ont même refusé de placer leurs défunts à la morgue, préférant « organiser leur deuil en privé et [refusant] que le gouvernement les enterre alors qu’il ne les avait pas sécurisés de leur vivant », a déclaré lundi à Teddy Kataliko, membre de la coordination de la société civile de Beni.

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« Inaction coupable » de l’État ?

Côté politique, l’ambiance n’était pas meilleure lundi, certains opposants réclamant la démission du pouvoir en place.

Kabila et son gouvernement ont totalement échoué.

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Le Front citoyen 2016, une plate-forme opposée à tout report de la présidentielle – censée se tenir cette année, mais devenue hautement improbable – note « avec regret que le président Kabila et son gouvernement ont totalement échoué à ramener la paix dans cette région ». Par conséquent, conclut-il, le chef de l’État doit « démissionner ».

La plate-forme va encore plus loin. Elle suggère que Joseph Kabila « pourrait être le véritable responsable de l’insécurité » à Beni, afin de « pérenniser une terreur quasi-généralisée dans plusieurs coins du pays » alors que les « Congolais attendent la fin de son régime, et l’avènement de la première alternance démocratique au sommet de l’État ».

L’opposant Moïse Katumbi, candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle, a dénoncé de son côté l’ »inaction coupable de nos dirigeants ». « Il est temps d’agir », a-t-il ajouté dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux.

Dans le clan présidentiel, on proteste contre ces mises en cause. « Instrumentaliser à des fins politiciennes la plaie fraîche que porte encore Beni est tout simplement déplorable », a déclaré sur Twitter Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale et chef de la Majorité présidentielle (MP).

Condamnation

Les États-Unis condamnent « dans les termes les plus forts cette horrible attaque et [continueront] de soutenir tous les efforts pour mettre un terme aux violences en cours dans l’est du Congo », a déclaré lundi Elizabeth Trudeau, porte-parole du département d’État.

Le gouvernement congolais et la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) attribuent la succession de massacres de la région de Beni aux rebelles des ADF. Une thèse partiellement remise en cause par un récent rapport de l’Université de New York, selon lequel les ADF portent effectivement une part très importante de responsabilité, mais au côté d’autres éléments armés, parmi lesquels des soldats de l’armée régulière.

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