Centrafrique : une Française enlevée par des anti-balaka à Bangui

Une Française, en mission humanitaire en Centrafrique, a été enlevée lundi à Bangui par des miliciens anti-balaka. Ce rapt serait lié à l’arrestation d’un de leurs chefs, le général Andjilo, soupçonné d’avoir été un des meneurs des massacres de musulmans en décembre 2013.

Un groupe de miliciens anti-balakas en Centrafrique. © AFP

Un groupe de miliciens anti-balakas en Centrafrique. © AFP

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 20 janvier 2015 Lecture : 3 minutes.

Qui est la Française enlevée ?

Âgée de 67 ans, la ressortissante française fait partie de l’ONG médicale catholique CODIS (Coordination Diocésaine de la Santé), active dans les domaines de la santé et de l’éducation en Centrafrique.

la suite après cette publicité

Selon une porte-parole de l’association, elle était accompagnée, lors de son enlèvement, de "deux frères spiritains membres de la Congrégation du Saint-Esprit, des missionnaires très actifs en Afrique".

Que s’est-il passé ?

Ce lundi 19 janvier au matin, le petit groupe – la Française et deux Centrafricains – est de retour de mission à Damara, à 70 km au nord de Bangui. Ils sont à bord d’un 4×4 transportant des médicaments lorsqu’ils sont braqués dans la capitale par quatre hommes armés vers 08h00 heure locale (07h00 GMT).

"Nous avons été arrêtés par un groupe de quatre anti-balaka (miliciens chrétiens, NDLR) armés de Kalachnikov sortis devant nous sur la route en pleine ville, a raconté Elkana Ndawatcha, un religieux qui conduisait le véhicule. Moi, j’ai été relâché après avoir été dépouillé de tout ce que j’avais sur moi dont mon téléphone portable, mes documents bancaires et de l’argent. L’un des ravisseurs a pris ma place au volant pour partir avec le véhicule et mes deux collègues en profondeur du quartier Boy-Rabe", quartier du nord-est de Bangui et bastion des anti-balaka.

la suite après cette publicité

Pourquoi un tel enlèvement à Bangui ?

L’enlèvement aurait été mené par des miliciens anti-balaka, mécontents de l’arrestation de Rodrigue Ngaïbona, dit "général Andjilo". Ce puissant chef anti-balaka a été arrêté samedi à Bouca (nord-ouest) par le contingent camerounais de la Minusca (la force de l’ONU en RCA), à l’issue d’une opération difficile marquée par plusieurs heures de combats. Après avoir été un des principaux chefs anti-balaka à Bangui, il avait fui la capitale et était recherché depuis des mois. Le général Andjilo est notamment soupçonné d’avoir été un des meneurs des miliciens qui ont lancé les massacres de musulmans le 5 décembre 2013 à Bangui. Il est poursuivi par la justice centrafricaine pour de multiples infractions : assassinats, rébellion, détention illégale d’armes de guerre, association de malfaiteurs, viols, pillages…

la suite après cette publicité

Depuis son arrestation, une certaine tension régnait à Boy Rabé. Plusieurs miliciens ont manifesté leur mécontentement et d’autres tentatives d’enlèvement ont eu lieu ce week-end. Dans soirée de samedi, vers 22h00, les éléments d’Andjilo avaient déjà tenté de stopper le véhicule d’un homme d’affaires français à Bangui. Repérant l’embuscade, l’expatrié avait forcé le barrage anti­-balaka, échappant à leurs balles. À la suite de cette tentative avortée, l’ambassade de France avait averti ses ressortissants du risque d’enlèvement.

Comment se déroulent les négociations ?

Rapidement informées du rapt, les autorités centrafricaines et françaises ont vite entamé des négociations avec les ravisseurs. Selon une source diplomatique française, Mgr Dieudonné Nzpalainga, l’archevêque de Bangui, et Patrice-Édouard Ngaïssona, coordinateur général du mouvement anti-balaka, ont pris en main les tractations. D’après nos informations, le frère Gustave, le prêtre enlevé avec la ressortissante française, a été libéré en début d’après-midi.

Toute la journée, les responsables français sont restés volontairement discrets sur cet enlèvement, afin de ne pas compromettre les négociations pour la libération de leur otage. Des consignes de discrétion ont aussi été passées au médias, le Quai d’Orsay espérant une libération en fin d’après-midi.

Ce ne fut pas le cas et peu avant 20h, le ministère des Affaires étrangères a diffusé un communiqué officialisant l’enlèvement et appelant à "libérer au plus tôt" la femme enlevée, soulignant que "la France déplore cet acte contraire au droit humanitaire".

(Avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires