Burundi : les manifestations contre la France se multiplient
Les manifestations contre la France, pays à l’origine de la résolution 2303 du Conseil de sécurité des Nations Unies autorisant le déploiement de 228 policiers des Nations unies, continuent un peu partout dans le pays avec la bénédiction du gouvernement. Ce dernier ne peut cependant plus compter sur la Chine ou la Russie pour le soutenir.
Les weekends se suivent et se ressemblent à Bujumbura. Chaque samedi matin, la sagesse recommande de passer quelques coups de fil avant de partir de chez soi. Histoire de s’informer pour ne pas tomber nez à nez avec la marée de taxi-vélos, sous haute surveillance de la police, qui manifestent contre la résolution 2303 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Même scénario dans les campagnes. Samedi 13 août, hommes et femmes – certains forcés par les autorités locales d’après des témoignages sur place – envahissaient les rues de la commune Rugombo, province Cibitoke, pour dire « non » à ce que le pouvoir qualifie d’« ingérence étrangère », et crier « assez » à la France qui est à l’initiative de la résolution.
« L’étau se resserre »
« L’étau se resserre » sur le gouvernement, dit un ancien diplomate européen qui suit de près la situation au Burundi. D’après lui, « ce n’est pas la première fois que la France initie des résolutions contre le Burundi. La seule nouveauté au Conseil de sécurité est l’absence de veto de la Chine et de la Russie ».
Ce vétéran de la diplomatie régionale égrène une litanie d’erreurs et d’incidents diplomatiques qui seraient en train d’amener les pays « amis » du Burundi à changer leur fusil d’épaule : « Faire la sourde oreille sur l’importance d’un dialogue inclusif, boycotter le sommet de l’Union Africaine, s’absenter sans raison valable devant la commission des Nations unies contre la torture, ne pas mener d’enquêtes objectives sur la mort de Hafsa Mossi, députée de l’EAC »…
Un rapport accablant
La liste n’est pas exhaustive, renchérit l’ex-diplomate, qui conclut : « L’image du Burundi se détériore au jour le jour sur la scène internationale. Et les choses risquent de se compliquer davantage si l’Union Africaine, la Chine et la Russie tournent le dos aux autorités du pays ».
Une situation qui met de plus en plus Bujumbura en mauvaise posture, alors qu’un nouveau rapport accablant des Nations unies a été diffusé vendredi 12 août. Celui-ci fait état de 348 exécutions extrajudiciaires, 651 cas de torture et 36 disparitions forcées dont se seraient rendus responsables la police et le service des renseignements entre avril 2015 et avril 2016.
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