Afrique du Sud : les pressions politiques ont-elles eu raison du président de la fédération de rugby ?

Le président de la fédération sud-africaine de rugby (SARU), Oregan Hoskins, a annoncé mercredi 17 août qu’il démissionnait de ses fonctions. « C’est devenu un emploi à plein temps et j’ai décidé après une décennie à ce poste qu’il était temps pour moi de démarrer une nouvelle phase de ma carrière », explique-t-il dans un communiqué, tout en laissant entendre qu’il ne s’agit pas là de la seule raison.

Oregan Hoskins lors d’une conférence de presse en 2008 © SCHALK VAN ZUYDAM/AP/SIPA

Oregan Hoskins lors d’une conférence de presse en 2008 © SCHALK VAN ZUYDAM/AP/SIPA

Publié le 17 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Être président de la SARU n’est pas de tout repos. Aux manettes de la fédération depuis 2006, Oregan Hoskins en a fait l’amère expérience. Durant sa décennie de présidence, il a dû composer avec une forte pression sur les épaules, celle de faire en sorte que le rugby ne soit plus le miroir d’une société rongée par le racisme et la ségrégation.

Une mission délicate qu’aujourd’hui Oregan Hoskins ne s’estime plus capable de poursuivre. « Ces derniers mois nous avons fait face à des défis difficiles et nous avons eu des débats durs qui m’ont fait repenser à mon rôle et mon futur », explique le désormais ex-président de la SARU dans le communiqué.

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« Ce n’est pas un reflet de notre pays »

Si l’Afrique du Sud peut se targuer d’avoir l’une des meilleures équipes de rugby au monde, il n’en reste pas moins que la composition de l’effectif fait l’objet de polémiques récurrentes. Dernière en date, la liste choisie par le coach Heyneke Meyer lors de la Coupe du monde en 2015. Parmi les joueurs sélectionnés pour disputer la compétition, 8 noirs et 24 blancs. Un nombre de Noirs donc très légèrement supérieur au quota minimum mis en place par la fédération sud-africaine de rugby depuis 2014, alors sous la présidence de Oregan Hoskins, et qui impose la sélection d’au moins sept Noirs.

Un record certes pour les Springboks, demi-finalistes de l’édition, mais qui n’atténue en rien la rancœur populaire quand on sait que les Blancs représentent aujourd’hui moins de 9% de la population sud-africaine. « Ce n’est pas un reflet de notre pays, ce n’est pas notre équipe, c’est une équipe de Sud-Africains blancs. Je vais soutenir les All Blacks », lâchait le président d’un club de rugby local à la BBC en 2014. Trois joueurs non-blancs en moyenne auront été alignés par match lors de cette coupe du monde en Angleterre.

Un maigre réservoir de joueurs noirs

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Face à la vindicte sociale et au déluge de critiques qui s’abattent continuellement sur la composition des Springboks depuis la fin de l’apartheid, la SARU entendait rectifier le tir. La fédération s’est engagée à la demande du gouvernement à intégrer davantage de joueurs noirs dans l’équipe des Springboks. Avec un objectif ambitieux : la sélection de 50% de joueurs non-blancs d’ici la prochaine Coupe du monde en 2019.

Un défi de poids pour Oregan Hoskins car en réalité, les franchises et clubs sud-africains sont, pour l’instant, loin de disposer du réservoir de joueurs noirs nécessaire pour alimenter régulièrement l’équipe nationale. Julien Migozzi, doctorant en géographie et auteur d’une étude sur le rugby dans la ville du Cap, publiée dans la revue Mappemonde, ne cache pas son pessimisme : « Dans l’agglomération du Cap, qui compte près de 4 millions d’habitants, la Fédération provinciale de rugby n’emploie que… deux personnes chargées de développer le rugby dans les communautés désavantagées ».

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