RD Congo : les autorités décrètent un couvre-feu à Beni et Butembo
Les autorités congolaises ont décrété jeudi un couvre-feu à Beni et Butembo, deux villes de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), au lendemain de manifestations anti-gouvernementales violemment réprimées par les forces de l’ordre.
« Le couvre-feu sera décrété de 19H00 à 06H00 (17H00 à 4H00 GMT) dans les villes de Beni et Butembo » a déclaré à l’aéroport de Beni, le ministre de l’Intérieur congolais Évariste Boshab.
« Pendant la période du couvre-feu, seules les forces de sécurité ont le droit de circuler », a expliqué à l’AFP le maire de Beni, Edmond Masumbuko.
Solidarité populaire
Selon un journaliste de l’AFP, les commerces sont restés fermés à Beni, ce jeudi 18 août. Toute reprise est conditionnée par « la libération » de ceux qui sont venus « compatir et pleurer nos morts avec nous », a expliqué à l’AFP Ladislas Paluku, un commerçant de Beni soutenu par une dizaines de ses collègues. La veille, sept personnes avaient été arrêtées en marge d’une manifestation pour dénoncer l’inaction des autorités face aux violences qui, selon l’ONU, ont causé la mort de plus de 700 personnes depuis octobre 2014.
« Lorsque les gens quittent une ville pour une autre, c’est une action préméditée, ils avaient l’intention de nuire », a déclaré le ministre de l’Intérieur, pour justifier les « arrestations administratives » des sept manifestants, promettant de les relâcher « après interrogatoires ».
Lors des heurts de mercredi, trois personnes, dont un policier, ont également été tuées.
« Une action préméditée »
Depuis quelques jours, la ville de Beni essuient donc de lourdes pertes humaines. Dans la nuit de samedi à dimanche, 51 civils ont été tués des quartiers nord de Beni, à la lisière du parc de Virunga, repaire des rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF). Un bilan établi par la société civile de Beni. Le gouvernement pour sa part a évalué le total des morts à 42 et l’ONU a fait état « d’au moins 50 civils tués ». Un deuil national de trois jours avait été décrété à la suite de ce massacre.
Le gouvernement congolais et la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) attribuent ces tueries aux rebelles des ADF. Une version partiellement remise en cause par des experts qui imputent également une part de responsabilité à des soldats de l’armée régulière.
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