Mauritanie : de 3 à 15 ans de prison ferme pour 13 militants anti-esclavagistes

La justice mauritanienne a condamné jeudi 13 militants de l’ONG anti-esclavagiste mauritanienne IRA, accusés notamment d' »usage de la violence », à des peines allant de trois à quinze ans de prison ferme.

Manifestation contre l’esclavage, le 29 avril 2015 à Nouakchott. © AFP

Manifestation contre l’esclavage, le 29 avril 2015 à Nouakchott. © AFP

Publié le 19 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Après deux semaines de procès et huit heures de délibération, le verdict est tombé le 18 août. La Cour criminelle Nouakchott a condamné trois des militants anti-esclavagistes, dont le chef d’une section de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) à Sebkha, un quartier populaire de la capitale, à 15 ans de prison ferme. Huit activistes ont écopé d’une peine de cinq ans d’emprisonnement alors que les deux autres doivent purger trois ans de prison ferme.

Ces 13 membres de l’IRA ont été arrêtés entre fin juin et début juillet pour leur implication présumée dans une manifestation violente survenue lors du déplacement forcé par les autorités, le 29 juin, d’habitants du bidonville de Ksar à Nouakchott. Un véhicule de la police avait été incendié et plusieurs policiers blessés, selon les autorités.

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Ils étaient accusés de « rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue ». Les activistes ont été jugés en même temps que dix autres personnes arrêtées et inculpées pour les mêmes motifs.

Sur ces dix accusés – des habitants déplacés du bidonville -, six ont été condamnés à des peines allant d’un à trois ans de prison ferme. Les quatre autres ont été acquittés.

Une « condamnation hors-la-loi », selon la défense

Les militants de l’IRA ont été condamnés en l’absence du collectif constitué pour leur défense, qui avait décidé il y a trois jours de se retirer du procès pour protester contre les tortures infligées à leurs clients.

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Depuis cette décision, le procès s’est poursuivi avec des avocats de la défense commis d’office. Ces derniers n’ont fait aucune déclaration jeudi soir après l’énoncé du verdict, et aucune indication n’était disponible sur un éventuel recours contre les condamnations prononcées.

En revanche, le collectif des avocats des militants de l’IRA a dénoncé jeudi soir l’arrêt de la Cour criminelle Nouakchott lors d’une conférence de presse, expliquant que toute possibilité de recours leur a été refusée en raison de leur boycott.

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« La Cour a rejeté toute introduction de recours dans cette affaire invoquant le boycott des audiences par les avocats », a déploré Me Fatimata Mbaye. « Il s’agit d’une condamnation hors-la-loi, qui explique bien qu’on est dans une parodie de justice », a de son côté dénoncé Me Gourmo Lô.

Selon Me Brahim Ould Ebetty, le collectif des avocats se réunira prochainement « pour dégager une stratégie de défense » en faveur des condamnés, qui sera menée « à l’intérieur et à l’extérieur du pays ». Il n’a pas fourni de détails.

Des proches des accusés présents au tribunal ont aussi dénoncé un « procès politique », selon le terme de l’un d’eux. Ils ont rappelé que certains accusés ont été arrêtés à leurs domiciles et sans qu’ils se soient rendus sur le site des événements.

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