Kaddour Hadadi : Citizen HK

Musicien fidèle à ses idéaux et romancier engagé, le chti aux origines algériennes ne lâche rien.

Kaddour Hadadi est le chanteur d’HK et les saltimbanks. © Camille Millerand/J.A.

Kaddour Hadadi est le chanteur d’HK et les saltimbanks. © Camille Millerand/J.A.

Publié le 21 janvier 2015 Lecture : 3 minutes.

La première fois qu’on a croisé Kaddour Hadadi, connu sous le nom de HK, c’était en 2007. À l’époque, la France accueillait le Mondial de rugby, et le chti, né à Roubaix en 1976, venait avec le Ministère des affaires populaires (MAP) participer à un concert à Saint-Denis (banlieue parisienne). Kaddour et son groupe commençaient juste à vivre de leur métier.

Sept ans plus tard, on retrouve le même HK, toujours en Seine-Saint-Denis, à la Fête de l’Humanité. Il vit désormais de la musique, mais à 38 ans, malgré le succès, il est resté le même. « C’est le public qui nous a permis d’arriver là où nous sommes. Il ne faut pas l’oublier », lance-t-il alors que des passants l’arrêtent pour une séance photo. La veille, il a chanté sur la grande scène, devant 100 000 personnes, pour un concert de solidarité envers la Palestine.

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La Palestine, parlons-en. Contrairement à la majorité des artistes français, HK n’hésite pas à s’engager. Il s’est même rendu plusieurs fois sur place pour chanter. Son premier voyage remonte à 2007. S’il en a tiré plusieurs chansons, cela ne lui suffisait pas : il vient de publier Neapolis (Riveneuve Éditions), son second roman. Un formidable voyage poétique à travers la Palestine : « J’aime l’idée que le roman prolonge les chansons, apportant un éclairage nouveau. Si on prend par exemple « Jérusalem », on peut la comprendre comme l’histoire d’amour fusionnelle entre un réfugié palestinien et sa « promise » Jérusalem. Mais cette chanson se retrouve dans le roman, où elle prend sa place dans un chapitre. »

Avant de devenir HK le poète-compositeur, Kaddour Hadadi a vécu une enfance heureuse dans le quartier de la Potennerie, à Roubaix. « J’ai grandi avec des Italiens, des Portugais, des Maghrébins et des Français d’origine, dit-il, un brin nostalgique. On formait une seule communauté. Une seule couleur : celle de l’amitié entre fils de prolos. Depuis, on a construit des ghettos, alors forcément, ça crée des problèmes entre les personnes. Avec notre musique, on essaie de réunir les gens. »

Son père, originaire de Bouira (Algérie), est venu chercher du travail au début des années 1950 en France, où il a rencontré sa mère. D’abord cariste aux halles de Roubaix, il a acheté son camion, puis son magasin de fruits et de légumes. « C’est lui le premier des « saltimbanks » de la famille ! » plaisante HK.

Comme ses quatre frères et ses deux soeurs, il passe ses étés avec son père sur les marchés tandis que ses copains partent au bled. Kaddour ne découvre l’Algérie « pour des raisons familiales » qu’à l’âge de 18 ans. La décennie noire l’empêche d’y retourner jusqu’en 2007 pour « un concert merveilleux pendant le ramadan », un moment qu’il n’oubliera jamais.

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L’ascension musicale de HK ne s’est pas faite en un jour. Il s’est lancé il y a vingt ans, « influencé par NTM, IAM et Assassin » comme beaucoup de jeunes. Son premier concert, il le donne en 1994 avec son groupe de rap, Juste Cause. « C’était à Roubaix, devant mes amis. J’ai récupéré la cassette, j’étais mauvais. Un jour, mon père a vu la vidéo. Il m’a dit : « C’est bien, mon fils, ce que tu fais, mais tu devrais sourire. » » Un message reçu cinq sur cinq. Et sans pression, en attendant son tour, la vie finira par sourire à HK. « En 2004, Said, mon cousin [l’autre chanteur de MAP], est venu me voir pour me proposer de faire du rap musette avec un accordéon et un violon. À l’époque, c’était révolutionnaire ! »

Deux ans plus tard sort le premier album de MAP, Debout là d’dans. La carrière du groupe est lancée ; les chtis commencent à voir leurs trombines dans les magazines. « On n’était pas les plus talentueux, avoue avec le recul HK, mais on avait la passion. Pendant toutes ces années de galère, on a continué de jouer en dépensant notre pognon. Il nous est arrivé de donner des concerts devant cinq personnes, mais on n’a rien lâché. »

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D’ailleurs, « On lâche rien », extrait de l’album Citoyen du monde (2011), de HK & les Saltimbanks, devient l’hymne des luttes, repris dans les manifestations. Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) et Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste) s’en serviront même lors de l’élection présidentielle française de 2012.

Avec la sortie des Temps modernes, en mai 2012, HK rend hommage à Stéphane Hessel, à qui le chanteur vous une admiration sans bornes. De plus en plus populaire, HK n’hésite jamais à donner un coup de pouce à des associations, comme la Fondation Abbé Pierre, le Secours populaire ou le Réseau Éducation sans frontières. Kaddour n’hésite pas également à aller chanter devant les usines avec les salariés en grève. « Parce que, avant d’être un chanteur, je suis d’abord un citoyen », martèle-t-il.

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