Maroc : Mohammed VI appelle l’Algérie à « une solidarité sincère »
Lors de son discours à l’occasion de la résistance marocaine vis-à-vis du protectorat français, le roi du Maroc a souhaité que son voisin algérien agisse dans l’intérêt du Maghreb et de l’Afrique. Il a, par ailleurs, appelé ses sujets à l’étranger à véhiculer un islam de paix.
Le roi du Maroc a appelé l’Algérie à une « solidarité sincère » qui unit les peuples marocain et algérien pour « continuer à œuvrer ensemble avec sincérité et de bonne foi, à servir les causes maghrébines et arabes et à relever les défis qui se posent au continent africain. »
Appel à la cessation des hostilités
Dans un discours prononcé samedi 20 août, à l’occasion du 63ème anniversaire de la Révolution du roi et du peuple contre le protectorat français, Mohammed VI a estimé que la résistance marocaine a apporté son soutien matériel et moral à la révolution algérienne et qu’elle a contribué à lui redonner vie. « Tant et si bien qu’à terme, les deux pays ont joué un rôle majeur dans la libération et l’indépendance de l’Afrique. »
L’appel de Mohammed VI intervient au moment où les deux pays sont toujours divisés sur la question du Sahara occidental et continuent de se barricader en édifiant des murs de séparation sur leurs frontières, officiellement « pour lutter contre la contrebande et le risque terroriste ».
Une Afrique forte et solidaire
Le roi du Maroc a, par ailleurs, réaffirmé l’engagement du Maroc pour l’Afrique et les citoyens subsahariens en faveur desquels il a initié, depuis 2014, une politique d’intégration au Maroc.
Déplorant la politique calamiteuse que le colonialisme a menée depuis des décennies en Afrique, il a affirmé que cette dernière est capable de changer par elle-même son destin «grâce à la forte détermination de ses peuples, à leurs potentialités humaines et à leurs ressources naturelles ».
« Plus qu’une appartenance géographique, l’Afrique évoque pour le Maroc des sentiments sincères d’affection et de considération, des liens humains et spirituels profonds et des relations de coopération fructueuse et de solidarité concrète », a dit le souverain. D’où sa volonté de réintégrer l’Union africaine (UA), annoncée lors du sommet de Kigali les 17 et 18 juillet.
La diaspora marocaine doit se mobiliser contre l’extrémisme
Évoquant le terrorisme, Mohammed VI a adressé un message de mobilisation aux Marocains de l’étranger, les exhortant à rester attachés aux valeurs séculaires de l’Islam et à « préserver la bonne réputation qui fait leur notoriété ».
À la fois chef d’État et commandeur des croyants, Mohammed VI a une autorité politique et religieuses sur ses sujets. Son appel s’adresse à une communauté qui compte plus de 6 millions de personnes dans le monde et dont une grande partie a gardé de solides attaches avec son pays d’origine. Victime de la stigmatisation et du racisme, cette dernière est appelée à devenir agissante en rejetant les actes commis par des extrémistes, notamment d’origine marocaine. Un message indirectement adressé également aux gouvernements européens, en difficultés avec le traitement de leurs populations binationales musulmanes.
Le jihad n’est pas l’apanage d’individus
Ponctuant son discours de versets coraniques, le roi du Maroc a tenté de déconstruire les préjugés sur le jihad, qui sert d’alibi pour les terroristes. « L’ignorance les incite à croire que leurs agissements relèvent du jihad. Mais depuis quand le jihad revient-il à tuer des innocents ? Le Très-Haut a dit : « Ne soyez pas transgresseurs ; Dieu n’aime pas les transgresseurs. ». Est-il concevable que Dieu, le Tout-Clément, le Tout-Miséricordieux, puisse ordonner à un individu de se faire exploser ou d’assassiner des innocents ? Pourtant, l’islam, comme on le sait, n’autorise aucune forme de suicide, pour quelque motif que ce soit », précise le roi du Maroc. Et d’ajouter : « La raison admet-elle que le jihad soit récompensé par la jouissance d’un certain nombre de houris ? Le bon sens admet-il que quiconque écoute de la musique est voué à être englouti dans les entrailles de la Terre, et bien d’autres mystifications ? »
Un front commun contre les fanatismes
Poursuivant son appel à la mobilisation de ses sujets dans le monde, Mohammed VI estime que le jihad n’est envisageable que par « nécessité d’autodéfense » et que tout appel dans ce sens est du ressort de la Commanderie des croyants et non d’un individu ou d’un groupe.
« Nous sommes tous visés par le fanatisme », dit le roi du Maroc. Évoquant l’assassinat du père Hamel dans l’enceinte de l’église de Rouen le 26 juillet, il appelle toutes les croyances religieuses à ériger « un front commun » pour contrecarrer lextrémisme sous toutes ses formes.
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