Mali : Ahmad al-Mahdi, poursuivi devant la CPI, demande pardon pour la destruction des mausolées de Tombouctou

Ahmad al-Mahdi, dont le procès historique s’est ouvert lundi 22 août devant la Cour pénale internationale, a demandé pardon au peuple malien pour la destruction de mausolées classés au Patrimoine mondial de l’humanité à Tombouctou. Dans ce procès historique, premier du genre mené par cette juridiction, l’ancien responsable de la brigade islamique des mœurs a reconnu les faits qui lui sont reprochés.

Ahmad al-Mahdi devant la CPI, le 30 septembre 2015. © Robin van Lonkhuijsen/AP/SIPA

Ahmad al-Mahdi devant la CPI, le 30 septembre 2015. © Robin van Lonkhuijsen/AP/SIPA

Publié le 22 août 2016 Lecture : 2 minutes.

« Je demande leur pardon et je leur demande de me considérer comme un fils s’étant égaré de son chemin », a déclaré al-Madhi après avoir plaidé coupable de crime de guerre.

« Je me tiens devant vous dans cette enceinte plein de remords et de regrets : je suis fort contrit de mes actes et de tous ces préjudices que cela a causé à mes êtres chers, à mes frères et à ma mère patrie, la République du Mali, et aux membres de l’humanité aux quatre coins du monde », a-t-il poursuivi devant la Cour.

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L’audience s’est ouverte lundi 22 août à 7h GMT et devrait durer environ une semaine, ont indiqué les juges. Comme attendu, l’accusé a plaidé coupable. Accusation et défense vont désormais prononcer leurs déclarations liminaires. Le jugement et la condamnation suivront à une date ultérieure.

Le Touareg Ahmad Al Faqi Aal-Mahdi est accusé d’avoir « dirigé intentionnellement des attaques » contre neuf des mausolées de Tombouctou et contre la porte de la mosquée Sidi Yahia entre le 30 juin et le 11 juillet 2012.

« Une agression sur leur histoire »

En tant que chef de la Hisbah, la brigade islamique des mœurs, il est accusé d’avoir ordonné et participé aux attaques contre ces mausolées détruits à coups de pioche, de houe et de burin.

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« Attaquer et détruire les sites et les symboles culturels et religieux de communautés est une agression sur leur histoire », a affirmé à l’AFP la procureure Fatou Bensouda. Et d’ajouter : « Aucune personne ayant détruit ce qui incarne l’âme et les racines d’un peuple ne devrait pouvoir échapper à la justice ».

L’accusé a, quant à lui, indiqué que « cette faute commise envers eux sera la première et la dernière ».

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Neuf à onze ans de détention

L’accusation, en accord avec la défense, va demander une peine comprise entre neuf et onze ans de détention, a affirmé un membre du bureau du procureur.

« Il ne s’agit pas d’une peine à laquelle al-Madhi a souscrit, c’est une échelle dans laquelle il s’engage à ce qu’il n’y ait pas d’appel », a ajouté l’un de ses avocats, Jean-Louis Gilissen.

Ahmad Al Faqi al-Mahdi a également assuré avoir été à l’époque « sous l’emprise d’une bande de leaders d’Al-Qaïda et d’Ansar Eddine », ajoutant : « j’avais cédé à leurs pressions comme à une tempête de sable. »

Ce procès est qualifié par beaucoup d’historique. C’est en effet la première fois que la CPI juge un jihadiste présumé, le premier lié au conflit malien. Mais aussi le premier qui pourrait reconnaître sa culpabilité.

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