Femmes dirigeantes : l’Afrique peut mieux faire, selon McKinsey

Un rapport de McKinsey sur le poids des genres au sein des élites africaines, transmis à « Jeune Afrique », indique que l’égalité entre les femmes et les hommes « demeure encore éloignée ». Il note cependant que les femmes sont davantage présentes dans les conseils d’administration des grandes entreprises africaines que dans d’autres régions du monde, et que leur rôle au sein des exécutifs publics et des parlements nationaux s’est amélioré.

Malado Kaba, Nialé Kaba et Rosine Sori-Coulibaly, nommées au sein des nouveaux gouvernements du Burkina, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire en janvier 2016. © DR/Issouf Sanogo/AFP

Malado Kaba, Nialé Kaba et Rosine Sori-Coulibaly, nommées au sein des nouveaux gouvernements du Burkina, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire en janvier 2016. © DR/Issouf Sanogo/AFP

Publié le 22 août 2016 Lecture : 3 minutes.

Janine Bénédicte Diagou © Olivier/J.A.
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Entreprises : les femmes se font la courte-échelle

Encore rares au sein des états-majors, les dirigeantes s’impliquent pour permettre à davantage de femmes d’atteindre les plus hautes fonctions.

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Il reste du pain sur la planche. Voilà en substance ce que la dernière mouture du rapport Women Matter (Les femmes sont importantes) du prestigieux cabinet de conseil en stratégie américain McKinsey — publié depuis 2007 et pour la première fois consacré à l’Afrique  — dit de la place des femmes africaines dans les plus hautes sphères privées et publiques.

« L’égalité des genres demeure éloignée », écrivent ainsi Lohini Moodley et Tania Holt, deux associées du cabinet en Afrique du Sud.

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L’Afrique devant l’Asie et l’Amérique latine

Cela dit, ressort-il du rapport, l’Afrique n’est pas à la traîne. Ainsi, dans les 210 sociétés africaines cotées dans 14 Bourses* dont les organigrammes ont été examinés par les équipes de McKinsey, il ressort que 5 % de femmes sont directrices exécutives et que 15 % d’entre elles occupent des places au sein des conseils d’administration.

C’est mieux qu’en Asie (4 % et 10 %) et qu’en Amérique latine (2 % et 6 %). L’Europe (3 % et 18 %) fait mieux pour les conseils d’administration mais moins bien pour les directrices exécutives, et les États-Unis (5 % et 17 %) sont devant.

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Certains pays africains présentent des contingents de hauts cadres féminins beaucoup plus étoffés que d’autres… Il suffit d’ailleurs de constater quelles femmes ont contribué à l’étude pour voir que les Nigérianes y occupent les avant-postes : Amina Oyagbola, à la tête des RH chez MTN Nigeria, Arunma Oteh, trésorière et vice-présidente de la Banque mondiale, ou encore Bola Adesola, qui dirige Standard Chartered Bank Of Nigeria. Miriem Bensalah Chaqroun, la première femme élue à la tête de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), est également mentionnée.

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Côté public, la proportion de femmes au sein des parlements nationaux (24 %) place l’Afrique au-dessus de la moyenne mondiale (21 %). Une proportion qui a été multipliée par 1,8 entre 2000 et 2014, et par 5,5 pour les femmes nommées dans des équipes gouvernementales (de 4 % en 1980 à 22 % en 2014), selon les données exploitées par McKinsey**.

Les situations varient, là aussi, de manière considérable d’un pays à l’autre : entre le Rwanda et ses 60 % de femmes au Parlement, le Sénégal qui tourne autour de 45 % et la Côte d’Ivoire qui dépasse péniblement les 10 %, selon des données du Forum économique mondial citées par McKinsey.

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« Les femmes n’ont pas nécessairement davantage de pouvoir »

Des tendances positives qui sont à pondérer, à l’aune des fonctions qui échoient aux femmes lorsqu’elles parviennent à se hisser vers les sommets. « Bien que le nombre de femmes qui atteignent des fonctions de leadership ait augmenté, elles n’ont pas nécessairement davantage de pouvoir », préviennent Lohini Moodley et Tania Holt.

Pourtant, côté économique, en Afrique comme ailleurs, plus les femmes sont présentes à des postes à responsabilité plus les organisations passées au crible ont tendance à dépasser leurs homologues.

McKinsey a même cherché à quantifier la corrélation entre la présence de femmes dans les conseils d’administration et la variation des marges financières qu’elle implique par rapport à la moyenne de l’industrie.

Les résultats sont éloquents : les sociétés dont le conseil d’administration compte plus de 31 % de femmes ont, toutes choses égales par ailleurs, un Ebit (bénéfice avant intérêts et impôts) supérieur de +20 %. Pour celles dont les conseils sont 100 % masculins, la tendance est plutôt contraire : -17 % par rapport aux autres entreprises. De quoi peut-être convaincre quelques récalcitrants ?

Le rapport de McKinsey sur la place des femmes dans les élites africaines publiques et privées by jeuneafrique on Scribd

* Afrique du Sud, Botswana, Namibie, Zambie, Tanzanie, Ouganda, Kenya, Nigeria, Côte d’Ivoire, Ghana, Sénégal, Maroc, Tunisie et Égypte.
** Pour le côté public, le rapport de McKinsey exploite les données de Guide2womenleaders.org dans 21 pays africains : Algérie, Égypte, Maroc, Tunisie, Afrique du Sud, Mozambique, Angola, Zambie, Botswana, Malawi, Éthiopie, Tanzanie, Kenya, Ouganda, Rwanda, Nigeria, Ghana, Côte d’Ivoire, Niger, Mali et Sénégal.

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