Veuve et désespérée, une Guinéenne proteste en burqa devant Sékhoutouréya
Une femme en burqa tenant une pancarte sur laquelle était écrit « Des innocents guinéens sont en danger, j’ai un message pour la Guinée » s’est postée lundi pendant une trentaine de minutes devant la Primature, puis devant le palais présidentiel Sékhoutouréya, à Conakry, avant d’être interpellée par la police. Un cri d’alarme qui n’a rien à voir avec l’islamisme, selon les premiers résultats de l’enquête.
C’est un fait divers qui fait couler beaucoup d’encre en Guinée. Fanta Sano, 41 ans, est une veuve désespérée de ne pouvoir subvenir aux besoins de ses enfants. Voulant attirer l’attention des plus hautes autorités guinéennes sur son sort, elle aurait choisi de revêtir une burqa noire et de s’armer d’une pancarte sur laquelle était inscrit en rouge-sang : « Des innocents guinéens sont en danger, j’ai un message pour la Guinée », avant d’aller se poster devant la Primature, puis devant le palais présidentiel Sékhoutouréya où elle s’est fait arrêter, lundi 22 août.
Selon des sources policières, qui ont procédé à l’interrogatoire de Fanta Sano, les « innocents en danger » sont en fait ses trois enfants, orphelins depuis 2010, année où leur père aurait été tué par une pierre lancée lors d’une manifestation politique à Bambéto, un des points chauds de Conakry. La même année et dans les mêmes circonstances de manifestations violentes, la veuve aurait cette fois perdu sa voiture, alors qu’elle vivait chez sa sœur, à Gbessia Olympio, dans la banlieue sud de la capitale guinéenne.
La piste terroriste écartée
À la police, Fanta Sano a confié être dans une « situation intenable », à tel point qu’elle ne parvient plus à nourrir ses enfants. C’est ce signal d’alarme qu’elle a voulu envoyer quand elle a demandé à l’un de ses enfants, Mohamed Kourouma, élève, de lui écrire sur sa pancarte le message qu’elle a brandi devant les plus hautes autorités du pays.
En raison de l’accoutrement de la veuve et de son « colis » (un simple sac), la presse guinéenne avait commencé à s’interroger sur l’éventualité d’un acte terroriste. Une piste non confirmée par le porte-parole de la police, le commissaire Boubacar Kassé, interrogé par Jeune Afrique. « Fanta Sano dit qu’elle voulait juste attirer l’attention des autorités dans l’espoir de bénéficier d’une aide financière. Nous sommes en train de mener des enquêtes de moralité auprès de ses parents et voisins pour vérifier ses propos. Son sac ne contenait que ses effets personnels et sa sœur nous a assurés que c’est la première fois qu’elle portait une burqa ». Selon la police, la veuve avait prévenu son entourage qu’elle entreprendrait une action pour se faire entendre. Pari réussi ? Cela dépend encore de la réaction des autorités concernant son sort.
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