Terrorisme en France : après « Charlie »

Hommage à Charlie Hebdo sur l’Arc de Triomphe à Paris. © AFP

Hommage à Charlie Hebdo sur l’Arc de Triomphe à Paris. © AFP

Publié le 12 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

L’attentat qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo ce 7 janvier, à Paris, et bouleversé le monde entier est le dernier avatar en date d’une "guerre" sans limites déclenchée au lendemain du 11 septembre 2001. Treize ans plus tard, et malgré l’élimination, le 2 mai 2011, d’Oussama Ben Laden, dont le corps sera ensuite jeté aux requins, elle n’aura abouti qu’à aggraver le mal : un cancer dont la tumeur principale a été détruite, ou presque, mais dont les métastases, plus ou moins grandes, se sont développées et répandues à la vitesse de l’éclair. État islamique (EI), Aqmi, talibans, Boko Haram, Shebab, Jabhat al-Nosra, Ansar Eddine, Ansar al-Charia… Le terrorisme aveugle n’a plus de noyau ni de centre. Il est partout, parfois sous la forme de véritables unités combattantes, comme au Moyen-Orient et en Afrique. Le temps des Ben Laden et des Zawahiri, intellectuels issus des classes moyennes ou supérieures, est révolu. Ils sont désormais remplacés par des petits chefs quasi analphabètes et à peine éduqués qui n’ont trouvé que la kalachnikov pour sortir de la misère et de la frustration dans lesquelles leur condition sociale et leur environnement les avaient enfermés. Et pour exister. Ils lèvent en claquant des doigts, grâce à cette même perspective, mais aussi à la peur et à l’argent, des troupes qui n’ont pas besoin d’être aussi fournies que celles de l’EI, par exemple (entre 30 000 et 100 000 hommes, selon les estimations), pour frapper et terroriser.

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Le temps des Ben Laden et des Zawahiri, intellectuels issus des classes moyennes ou supérieures, est révolu.

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À ces filiales de l’horreur en terre d’Islam se sont ajoutés des individus, isolés, qui, à leur échelle, poursuivent les mêmes objectifs, notamment en Europe. Comme, entre autres, Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche ou les frères Kouachi, ces Français musulmans qui ne se sentent pas ou plus citoyens de leur pays natal et qui n’ont pour seule raison de vivre que l’idée de faire le jihad, chez eux ou ailleurs. Ouvrons les yeux : dans le meilleur des cas, le monde et les pays musulmans où sévit ce fléau n’en viendront à bout que dans plusieurs décennies. D’abord en s’employant à l’éradiquer impitoyablement par la force. Puis en coupant les racines du mal grâce à l’éducation et au développement. Mais aussi, il serait peut-être temps que certains s’en persuadent, en cessant de lui fournir ses munitions les plus mortelles : l’humiliation ressentie par une partie des musulmans, à Gaza comme aux Mureaux, à qui on dénie les droits les plus élémentaires ou qu’on frappe d’un ostracisme "bête et méchant", comme l’auraient dit les fondateurs de l’ancêtre de Charlie Hebdo, Hara-Kiri…

N’en déplaise aux semeurs de haine, en France ou dans d’autres pays occidentaux, les musulmans – dont il faut quand même rappeler, a fortiori en ce moment, qu’ils sont les premières victimes, et de loin, du terrorisme jihadiste – ne sont pas le problème. Ils sont même une grande partie de la solution. Ceux qui pensent le contraire et s’apprêtent, une nouvelle fois, à en faire des boucs émissaires doivent savoir qu’ils ne feront alors que renforcer les véritables ennemis : les terroristes. Qui n’attendent que cela.

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