Que faire des parcs naturels africains lorsqu’ils ne protègent plus grand chose ?
Une étude récente, parue dans Nature Communications, arrive à la conclusion plutôt rassurante que les aires protégées, autrement dit les parcs et réserves, contribuent activement à la conservation de la diversité biologique.
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Geoffroy Mauvais
Geoffroy Mauvais est vétérinaire, en charge du programme Aires protégées d’Afrique & conservation de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – www.papaco.org
Publié le 23 août 2016 Lecture : 2 minutes.
C’est heureux puisque c’est la vocation primaire de ces territoires. L’intérêt de cette étude est qu’elle s’appuie sur une très grande quantité de données récoltées tout autour du monde, ce qui permet de mesurer la contribution de ces aires protégées dans la conservation de la nature de façon plus objective.
Mais si l’on y regarde de plus près, les résultats sont assez modestes avec 11% d’espèces en plus dans les parcs en comparaison avec les territoires adjacents, non classés, et globalement 14% d’individus supplémentaires, toutes espèces confondues.
Ce sont là bien sûr des tendances globales qui s’expliquent essentiellement par la différence d’usage du milieu naturel entre l’intérieur et l’extérieur des espaces protégés, favorisant logiquement la survie de la biodiversité là où l’homme intervient peu.
Les parcs d’Afrique encore à la traîne
Mais la situation est plus contrastée en Afrique où plusieurs études conduites ces dernières années ont démontré que la biodiversité continuait à décliner, y compris dans les aires protégées. En particulier en Afrique de l’Ouest où les grandes espèces de mammifères ont vu leurs effectifs plonger de plus de 80% en 30 ans et ce au sein même des parcs censés les protéger.
Même si ce déclin est certainement moins prononcé qu’en dehors des parcs, il n’en reste pas moins réel. La vraie question qui se pose alors n’est plus tant de savoir si les aires protégées sont utiles, mais si elles sont bien utilisées.
Beaucoup de pays d’Afrique atteignent déjà les objectifs définis par la Convention pour la Diversité Biologique qui fixe à 17% des terres et 10% des mers la surface minimale qui devrait être protégée.
Garder ou accroître le nombre des réserves africaines en se donnant les moyens de les rendre performantes.
Certains pays comme le Maroc, la Namibie, le Congo ou encore la Tanzanie dépassent même 30% de leur superficie théoriquement mise de côté pour conserver la nature. C’est un effort énorme consentis par ces pays si l’on considère que ces territoires pourraient éventuellement avoir une « rentabilité » économique supérieure avec d’autres usages, devenus interdits. Mais pourquoi faire un tel effort si finalement la faune et la flore continuent de disparaître ?
Travailler sur l’efficacité de la gestion de ces parcs
La quantité (nombre et surface des parcs) ne suffit donc pas et il faut travailler sur leur qualité : en l’occurrence sont-ils capables de remplir leur mission de conservation ? Trop de territoires protégés aujourd’hui sont devenus inutiles, et pour la conservation puisqu’ils ne protègent plus grand-chose, et pour le développement puisqu’ils peuvent l’entraver. Cela renforce les incompréhensions et les frustrations de part et d’autre des limites des parcs, entre ceux qui les défendent, mais dans quel but, et ceux qui les convoitent, sans succès.
C’est donc une question éminemment politique : garder ou accroître le nombre des réserves africaines en se donnant les moyens de les rendre performantes. Se débarrasser de celles qui n’ont plus de sens en focalisant, si possible, les moyens disponibles vers les plus prometteuses. Ou renoncer à la conservation par les aires protégées quand elle ne marche pas. Mais dans ce cas, par quoi la remplacer ?
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