L’argent des Africains : Mak, rappeur et vendeur de tickets de loterie en Guinée – 100 euros par mois

Cette semaine, la série l’argent des Africains est à Conakry, à la rencontre de Mamadou Alpha Koulibaly, alias Mak. Un jeune rappeur guinéen qui vend des tickets de loterie pour financer sa carrière de rêve. Combien gagne t-il et comment dépense-t-il son argent ? Vous saurez tout dans ce nouvel épisode.

Mak a abandonné ses études après le lycée pour se consacrer à la musique. © Compte Facebook de Mak

Mak a abandonné ses études après le lycée pour se consacrer à la musique. © Compte Facebook de Mak

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Publié le 31 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Ses dreadlocks dressés sur la tête comme pour supporter les casques qui crachent de la musique dans ses oreilles. Bracelets rouges jaunes et verts aux couleurs du pays, démarche altière, Mak a très tôt succombé à ses désirs de devenir musicien.

Ce qui lui vaudra, contre le gré de sa famille, d’abandonner ses études au lycée, après avoir échoué au baccalauréat en 2005. « La plupart des membres de ma famille ont mal réagi quand j’ai abandonné les études », se souvient-il.

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C’est l’inévitable divorce entre le charmant jeune et son grand frère devenu son tuteur depuis que Mak a quitté Lélouma, préfecture de la région administrative de Labé où il est né il y a 32 ans. Les deux ne voyant pas l’avenir sous le même prisme. Commence ainsi l’aventure pour le rappeur en herbe qui devra désormais conduire sa barque seul, sans l’aide de son frère qu’il a osé défier.

Il débarque à Dakar (Sénégal) en 2008 « juste pour connaître l’étranger et m’ouvrir l’esprit en tant qu’artiste, explique-t-il. J’y travaillais dans un resto la journée et la nuit, dans un studio en tant qu’assistant ». Il en profite pour enregistrer « Trop de guerre », « Stop sida » et « Maman ». Chanson prémonitoire ? Toujours est-il qu’en 2013, Mak rentre au pays, suite au décès de sa mère.

Revenus : 100 euros

Le jeune rappeur s’installe définitivement à Conakry. Cette fois-ci, il ne reste que quelques jours chez son ancien tuteur, avant de se trouver un toit et un petit job qui lui procure environ un million de francs guinéens (100 euros) par mois. « Je suis agent commercial d’une société de loterie. On est payé par pourcentage : plus on revend, plus on gagne ».

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Loyer : 30 euros

Si ses revenus mensuels font plus du double du Smig guinéen (450 000 fg) Mak mène malgré tout une vie austère. Ses dépenses se résument aux frais de location de son chambre-salon qu’il occupe dans le quartier Bomboly (haute banlieue de Conakry) pour 30 euros par mois et à ses dépenses de nourriture pour 2 euros le jour. Soit le prix d’un plat de riz avec viande ou poisson dans beaucoup d’endroits de Conakry. Mais « on ne peut pas manger plus que ce qu’on gagne », rappelle Mak.

Mak

Mak

Loisirs : 0 euros

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Le jeune rappeur partage son temps libre entre son écran de télé, des concerts auxquels il est convié de temps en temps et ses répétitions après le boulot, entre 23h et 1h. Ses quelques économies servent notamment à financer l’enregistrement de ses chansons, au prix de 50 euros l’unité, quand il n’a pas des frais médicaux ou une cotisation familiale à payer, un voyage urgent à entreprendre…

Avec ses neuf singles chantées en peul, soussou, maninka (langues nationales guinéennes), wolof (principale langue du Sénégal), en français et même parfois en anglais, Mak y « dénonce, éduque et conseille. Actuellement, je suis beaucoup concentré sur la musique, mais faute de producteur je n’ai pas encore sorti mon album ». Et pourtant, il en rêve.

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