Mines : enquête australienne sur les licences congolaises de Sundance
L’australien Sundance Ressources, en charge du gisement de fer géant de Mbalam (au Congo-Brazzaville) et de Nabeba (Cameroun), fait l’objet d’une enquête de la police fédérale australienne, après la diffusion de plusieurs documents faisant état d’un cas de corruption présumé avec des proches de hauts responsables congolais.
Suite à la publication de cet article, Denis Christel Sassou Nguesso a rédigé un droit de réponse publié ici.
Une investigation a été ouverte par la police fédérale australienne après qu’une enquête diffusée par l’Australian Broadcasting Corporation (ABC) et le groupe australien de médias Fairfax a cité plusieurs documents internes au groupe minier, reconnaît Sundance Ressources dans un communiqué publié ce jeudi 25 août.
La junior minière indique avoir été contactée par la police fédérale australienne et se tenir prête à coopérer.
En cause, une rencontre présumée entre des représentants de la société et des proches de la famille Sassou Nguesso, dont il est fait état dans un dossier instruit et déposé au tribunal de Perth (Australie) par David Porter, un géologue employé par Sundance, qui a poursuivi la société pour des honoraires impayés.
Convention d’exploitation de juillet 2014
Selon le média australien The Age, ces documents datés de juillet 2006 indiquent que deux représentants de la société ont été détachés au Congo-Brazzaville et ont rencontré le fils du président congolais, Denis Christel Sassou Nguesso, et son neveu, Rodrigue Nguesso.
En l’échange de la concession minière, les deux proches du président auraient obtenu à titre gratuit une participation significative dans le projet minier. Une participation qui atteignait d’abord « un tiers des parts » de la filiale congolaise de Sundance, Congo Iron SA, selon The Age. Puis 15 % au capital du groupe australien, à la suite d’une rétrocession partielle de cette première participation, selon le quotidien français Le Monde, qui indique avoir également eu accès aux documents.
Lors de la signature par l’État congolais de la convention d’exploitation de la mine de fer de Nabeba [PDF] avec Sundance, le 25 juillet 2014, le groupe australien était détenteur de 85 % des parts de sa filiale congolaise.
Interrogé par Le Monde, Denis Christel Sassou Nguesso a indiqué ne pas avoir eu de liens avec la société.
« Ces allégations n’ont pas été confrontées à une cour de justice »
« Ces allégations n’ont pas été examinée dans le cadre d’une procédure de justice », a réagi l’état-major de Sundance, dont l’ancien management avait perdu la vie entre le Cameroun et Congo dans un crash d’avion en 2010. Le groupe est depuis dirigé par l’Australien Giulio Casello.
« Des premières recherches indiquent qu’une évaluation plus minutieuse est nécessaire pour déterminer la nature exacte des événements », écrit encore le groupe qui a par ailleurs annoncé la nomination d’un expert indépendant.
Les mines de Nabeba (Congo) et Mbalam (Cameroun) — dont le potentiel est estimé à 35 millions de tonnes par an de minerai de fer sur une période d’au moins dix ans — doivent en principe entrer en exploitation en 2019. Le projet est toutefois à l’arrêt.
De plus, les cours du fer demeurent atones : à 56 dollars la tonne en juillet 2016 contre 177 dollars en juillet 2011. Les pertes de la junior australienne s’aggravent : -78 millions de dollars au terme de l’exercice fiscal clos le 30 juin 2015, contre -32 millions de dollars lors de l’exercice précédent.
D’ailleurs, début 2016 les responsables du groupe minier ont annoncé un nouveau report du chantier de construction d’un terminal minier à Lolabe (sur le littoral atlantique camerounais) et d’une voie ferré sur 500 kilomètres jusqu’aux mines, que doit assurer China Gezhouba Group Company Ltd.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan