Colombie : le gouvernement et les Farc concluent un accord de paix historique
Le gouvernement colombien et la guérilla des Farc ont scellé mercredi 24 août à Cuba un accord de paix historique visant à mettre un terme définitif à un conflit de 52 ans qui a fait des centaines de milliers de victimes.
Au terme de près de quatre ans d’âpres négociations à La Havane, les parties se sont entendues sur « un accord final, intégral et définitif » qui devra être soumis à référendum le 2 octobre prochain avant d’entrer en vigueur.
Cet accord sur les six points de l’agenda des pourparlers est voué à « mettre définitivement fin à un conflit armé de plus de 50 ans », indique un texte signé par les négociateurs. Il marque aussi la clôture officielle des pourparlers menés depuis novembre 2012 à La Havane sous l’égide de Cuba et la Norvège.
« On peut maintenant proclamer que le combat des armes a pris fin et que commence celui des idées », a réagi peu après l’annonce le chef négociateur et numéro 2 des Farc, Ivan Marquez, évoquant la future transformation de la guérilla en mouvement politique.
« Colombiens, la décision est entre vos mains »
Depuis Bogotá, le président colombien, Juan Manuel Santos, s’est félicité avec « une profonde émotion, une grande joie » de la conclusion de l’accord et a salué la fin de « la tragédie de la guerre ».
« Colombiens, la décision est entre vos mains », a-t-il déclaré, assurant à ses compatriotes que le référendum serait le vote « le plus important » de leur vie.
En Colombie, l’annonce faite à Cuba a été accompagnée de manifestations de joie. « On a pu le faire ! On a pu le faire ! », se réjouissaient les habitants de Bogotá.
Washington salue « un jour historique »
À Washington, la Maison Blanche a annoncé que le président, Barack Obama, avait appelé son homologue colombien pour le féliciter en ce « jour historique ». Les États-Unis financent depuis février un plan de paix de 450 millions de dollars en Colombie.
Quatrième tentative de paix depuis le début du plus ancien conflit du continent en 1964, ce processus a failli achopper à plusieurs reprises. Mais un dénouement favorable était attendu depuis le 23 juin dernier, lorsque la guérilla marxiste et le gouvernement ont conclu un accord portant sur un cessez-le-feu bilatéral et définitif et sur le désarmement des Farc.
Au cours des mois ayant précédé cet accord, les affrontements avaient été contenus à un niveau jamais atteint depuis des décennies, notamment à la faveur d’un cessez-le-feu unilatéral observé par les Farc depuis juillet 2015.
Une fois l’accord de paix final validé, la rébellion doit commencer à réunir ses troupes pour les désarmer. Le cessez-le-feu devra être contrôlé par un mécanisme tripartite comprenant le gouvernement, les Farc et une mission de l’ONU.
Les délégations n’ont pas précisé si l’accord définitif devra être signé par le président colombien et le chef suprême des Farc Timoleon Jimenez, dit « Timochenko », avant d’entrer en vigueur.
Un scrutin qui « marquera le début de la paix »
Selon le protocole établi, le désarmement des Farc devra être bouclé en 180 jours. Les deux parties se sont aussi mises d’accord sur la façon de juger les militaires et rebelles accusés des crimes les plus graves pendant un conflit qui a officiellement fait quelque 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
Une amnistie est prévue pour ceux ayant commis des actes moins graves comme la rébellion ou le port illégal d’armes.
En vue du référendum, de récents sondages indiquent que le « oui » devrait l’emporter, mais une forte opposition se fait entendre, dans le sillage de l’ex-président Alvaro Uribe (2002-2010), principal opposant aux pourparlers.
Ce scrutin « marquera le début de la paix. Si le non l’emporte, des accords peuvent être remaniés d’un point de vue juridique mais ce serait politiquement très compliqué. La guerre pourrait revenir », explique à l’AFP Ariel Avila, analyste du conflit de l’Observatoire de la paix et de la réconciliation.
Si cette paix se concrétise, elle ne signifiera pas pour autant la fin immédiate du conflit en Colombie, où la seconde guérilla du pays, l’Armée de libération nationale (ELN) et les bandes criminelles continuent de défier le gouvernement.
Mais l’espoir est permis avec ces avancées cruciales, conjuguées à l’annonce en mars de futurs pourparlers de paix entre Bogota et l’ELN.
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