Chute du pétrole : les pays importateurs peuvent enfin souffler
Dépendants des importations de produits pétroliers, une grande majorité de pays voient leurs budgets s’améliorer et le pouvoir d’achat des ménages progresser.
Les Sénégalais peuvent se réjouir : leur pouvoir d’achat va significativement augmenter grâce à la baisse de leurs dépenses énergétiques. La bonbonne de gaz de 6 kg a vu son prix diminuer de 420 F CFA (0,64 euro). Et une famille en utilise quatre par mois en moyenne. À cela s’ajoutent les baisses du prix du litre d’essence déjà enregistrées dans les stations-service (94 F CFA sur le super et 102 F CFA sur le gazole).
Du nord au sud du continent, nombreux sont les importateurs de produits pétroliers qui vont sentir une bouffée d’oxygène. La chute du cours du baril est une aubaine pour leurs budgets. Au Niger – qui importe plus qu’il ne produit de pétrole -, l’État pourrait économiser 190 millions de dollars (162 millions d’euros) en 2015, selon une étude réalisée par Rhodium Group et publiée en décembre par The Wall Street Journal. Ce chiffre tient compte d’un prix moyen du baril de 60 dollars. La semaine dernière, il est passé sous la barre des 50 dollars…
>> Lire aussi : Chute du cours du pétrole : qui perd, qui gagne en Afrique ?
Démarche est plus facile à dénoncer qu’à réformer
Certains, comme le Maroc, vont surtout en profiter pour alléger les subventions allouées aux produits énergétiques. Ce mécanisme, utilisé pour maintenir les prix à des niveaux acceptables par toute la population, est régulièrement pointé par les institutions de Bretton Woods tant il pèse sur les comptes de l’État et bénéficierait principalement aux classes les plus aisées. Mais la démarche est plus facile à dénoncer qu’à réformer en période de forte augmentation du prix du baril de brut, comme c’était le cas depuis 2009.
Aujourd’hui, tout est différent. Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement marocain, a annoncé fin décembre avoir enregistré, en 2014, une réduction importante des dépenses de la Caisse de compensation, passées de 42,5 milliards de dirhams en 2013 à 33,6 milliards de dirhams (de 3,9 milliards à 3 milliards d’euros). Dans la foulée, le royaume a définitivement renoncé à ce procédé pour le fuel industriel, l’essence et le gazole.
Pour l’heure, les effets se ressentent surtout sur le prix du litre de carburant. À moyen terme, d’autres produits de consommation courante pourraient voir leurs tarifs réduits, grâce aux économies réalisées sur les dépenses énergétiques nécessaires à leur fabrication. Les analystes prédisent ainsi un ralentissement de l’inflation, comme le confirme Mitra Farahbaksh, la représentante du Fonds monétaire international à Kigali : « La plupart des pays non producteurs de pétrole de la région, dont le Rwanda, pourront profiter de quelques améliorations de leurs soldes budgétaires. Surtout, ces pays ne seront plus confrontés à des pressions inflationnistes découlant des prix élevés du pétrole. » Le pays des Mille Collines, enclavé et soumis à des coûts de transport exorbitants sur ses importations, pourrait voir son PIB gagner 0,5 % uniquement grâce à la chute des cours de l’or noir.
Consommateurs impatients
Pour de nombreux consommateurs impatients, leur gouvernement tarde trop à répercuter la baisse. Marius Comoé, président de la Fédération des associations de consommateurs actifs de Côte d’Ivoire (Faca-CI), indique : « D’ici à la mi-février, nous allons réunir les présidents des 78 associations de notre fédération pour décider de la marche à suivre. » Car pour lui, les efforts consentis sur les prix à la pompe ne suffisent pas. « Le gaz et le pétrole lampant, très utilisé dans nos campagnes, n’ont connu aucune baisse ! Lorsque le prix du baril augmente, l’indexation est immédiate ! Le gouvernement doit être aussi réactif dans le cas inverse. »
Le Rwanda pourrait voir son PIB gagner 0,5 % uniquement grâce à la chute des cours de l’or noir.
Que les gouvernements tardent ou non à répercuter la dégringolade des cours, tous les analystes s’accordent sur l’issue du phénomène actuel : le pouvoir d’achat des ménages va mécaniquement augmenter.
Une étude de la banque londonienne Barclays, publiée le 15 janvier, révèle ainsi que l’ensemble des ménages sud-africains devrait se partager un pactole de 1,8 milliard de dollars…
Johannesburg espère d’ailleurs retrouver sa place de première économie africaine, devant le Nigeria, l’un des pays les plus ébranlés par ce contre-choc pétrolier.
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