Mauritanie : les avocats de 13 militants anti-esclavagistes dénoncent le projet de transfèrement de leurs clients
Les avocats des 13 militants anti-esclavagistes mauritaniens actuellement détenus à Nouakchott ont protesté jeudi contre un projet de transfèrement de leurs clients à Nouadhibou (nord), demandé par le parquet. Ils y voient une tentative pour la justice de leur rendre la tâche difficile lors du procès en appel.
« La défense a pris connaissance de la demande du parquet par une lettre adressée à la Cour suprême pour obtenir le transfert de nos 13 clients vers Nouadhibou, – à 480 km de Nouakchott – où ils devront être jugés en appel prochainement », a affirmé à l’AFP Gourmo Lô, un des avocats des anti-esclavagistes.
Me Brahim Ould Ebetty, un autre avocat de la défense, a, quant à lui, critiqué cette demande. L’avocat y voit un subterfuge du parquet pour éloigner les prévenus de leurs familles et de leurs avocats, rendant difficile, voire impossible, leur défense, et continuer à les persécuter davantage.
Ces militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), ONG non reconnue par l’État, ont été condamnés le 18 août à des peines de 3 à 15 ans de prison par la Cour criminelle de Nouakchott. La défense a déposé le 22 août un recours en appel mais aucune date n’a été indiquée pour le procès.
Précédents
Jusqu’à jeudi soir, aucune source n’avait pu être jointe au parquet et à la Cour suprême, et aucun commentaire n’a pu être obtenu sur le motif de la demande de transfèrement.
Me Ould Ebetty a cependant souligné que depuis le début des années 2000, il était courant en Mauritanie de voir des détenus transférés vers des prisons de province durant une procédure judiciaire.
Il a notamment rappelé le cas du président de l’IRA, Biram Ould Dah Ould Abeid, accusé avec deux autres militants anti-esclavagistes d’appartenance à une organisation non autorisée.
Arrêtés en novembre 2014, ils avaient été jugés et condamnés en première instance à Rosso (sud) en janvier 2015, puis transférés à Aleg (centre). À l’issue de leur procès en appel dans cette ville, ils avaient été condamnés à un an de prison avec sursis puis libérés en mars 2015.
Chefs d’accusation
Les 13 militants anti-esclavagistes avaient été arrêtés entre fin juin et début juillet pour leur implication présumée dans une manifestation violente des bidonville de Ksar dans la capitale mauritanienne, survenue lors du déplacement forcé par les autorités, le 29 juin.
Ils étaient accusés de rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue.
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