L’Afrique du Sud a foi en son charbon

Malgré les effets sur l’environnement, Pretoria continue de privilégier ce combustible pour sa production d’électricité. Un choix qui encourage l’exploitation de nouveaux gisements.

Mine de charbon de BHP à Middelburg, en Afrique du Sud. © BHP

Mine de charbon de BHP à Middelburg, en Afrique du Sud. © BHP

Publié le 3 février 2015 Lecture : 2 minutes.

Le site d’extraction de charbon de Moatize, au Mozambique, géré par le géant brésilien Vale. © Marcelo Coehlo
Issu du dossier

Mines : c’est le moment d’acheter !

Bien que les cours de nombreux minerais soient en chute libre, les majors continuent d’investir dans des mégaprojets. Et de nouveaux investisseurs, notamment indiens, sont en chasse pour rafler des gisements à bas coût. Panorama d’un paysage minier africain en plein bouleversement, mais pas si mal en point.

Sommaire

Quand Johannesburg s’est retrouvé dans le noir en décembre dernier, beaucoup de Sud-Africains ont craint le retour d’une crise majeure de l’électricité, comme celle qu’ils avaient connue en 2008. Ces dernières semaines, le fournisseur national, Eskom, a multiplié les délestages dans plusieurs grandes villes pour éviter le black-out qui pénaliserait encore un peu plus une économie déjà en berne. Avec moins de 1 % de marge de production, Eskom est plus que jamais sur la brèche et appelle régulièrement à l’aide l’État sud-africain. Ces dernières années, la hausse de la demande en charbon dans certains pays asiatiques a mis en péril l’approvisionnement des centrales électriques du pays.

En 2013, malgré la pression des associations écologistes, le gouvernement a estimé que le charbon était une « ressource stratégique ». « Face à la montée de la demande dans les états asiatiques, celui-ci a jugé nécessaire de sécuriser une partie de la production pour Eskom », explique Ian Cruickshanks, chef économiste à l’Institut des relations interraciales, à Johannesburg.

la suite après cette publicité

>>> Lire aussi : Dossier mines – Les miniers sont-ils de si mauvais voisins ?

L’objectif étant de limiter les exportations, mais aussi de stabiliser le prix de vente du charbon destiné à la compagnie nationale. En revanche, si certains partis de gauche ont réclamé la nationalisation des mines, l’État a exclu cette possibilité. « Le gouvernement n’en parle pas parce qu’il n’a ni l’argent ni l’expertise pour faire cela », souligne Peter Major, analyste mines dans le groupe Cadiz.

Client fiable

À l’exception de BHP Billiton, qui a annoncé vouloir mettre en vente plusieurs mines de charbon en août, ces mesures n’ont pas inquiété les géants miniers (Anglo American, Sasol, Eyesizwe et Kumba). S’il est souvent plus rentable d’exporter le charbon plutôt que de le vendre à Eskom, ce dernier reste un client fiable.

la suite après cette publicité

« Eskom est un acheteur sur lequel on peut compter : il respecte les prix et s’engage sur de longues durées, quinze ou vingt ans. Il existe une relation symbiotique entre les grandes compagnies et Eskom, car chacun s’y retrouve », précise Peter Major. « C’est gagnant-gagnant. N’oublions pas que les grosses compagnies comme Anglo American ont d’autres activités minières dans le pays. Elles ont donc tout intérêt à ce que l’approvisionnement en électricité soit le meilleur possible », ajoute Ian Cruickshanks.

>>>> Afrique du Sud : un modèle minier à réinventer

la suite après cette publicité

Selon plusieurs géologues, le pays pourrait atteindre son pic de production de charbon en 2020.

La priorité donnée au charbon par l’Afrique du Sud, cinquième producteur mondial avec 255 millions de tonnes par an, pourrait même pousser les miniers à exploiter de nouveaux gisements découverts dans la zone du Waterberg. Selon plusieurs géologues, le pays pourrait atteindre son pic de production de charbon en 2020. Son sous-sol recèle néanmoins 95 % des réserves du continent.

« Mais, à court terme, les gisements du Waterberg ne sont pas facilement exploitables pour la production d’électricité, car il n’y a pas les infrastructures. Il faudra soit construire des centrales là-bas, soit mettre en place un chemin de fer qui fonctionne bien pour acheminer le charbon », précise Peter Major.

Conscient des limites, notamment environnementales, posées par la production d’électricité à base de charbon, l’Afrique du Sud mise aussi sur le développement de centrales nucléaires. Mais pour l’heure, ce secteur, qui représente encore 1,8 % du PIB du pays et 74 000 emplois, demeure vital pour l’économie nationale.

>>>> Afrique du Sud : à bout de souffle

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

Dans le même dossier

Le site d’extraction de charbon de Moatize, au Mozambique, géré par le géant brésilien Vale. © Marcelo Coehlo

Mines : c’est le moment d’investir en Afrique !

Le siège du groupe minier Vale à Rio de Janeiro. © Pilar Olivares/Reuters

Mines : Opération recentrage pour Vale

La demande mondiale pour les terres rares atteint 5 milliards de dollars. © Peggy Greb/US department of agriculture/Wikimeda Commons

Terres rares : l’Afrique entre dans l’arène